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Message du Premier ministre Xavier Bettel à l'occasion de la fête nationale 2020
Altesse Royale,
Monsieur le Président de la Chambre des Députés,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Chers concitoyens,
Nous vivons aujourd'hui une journée particulière, en cette période tout à fait exceptionnelle.
L'anniversaire de notre Grand-Duc, notre Fête nationale.
Une journée que nous avons l'habitude de célébrer tous ensemble, pour fêter en commun notre indépendance, notre nation, notre pays, notre société ouverte et notre liberté.
Or cette année, les conditions se présentent sous un jour différent. Aujourd'hui, nous nous voyons en effet amenés à renoncer à tout ce à quoi nous étions habitués, à nos traditions auxquelles nous sommes profondément attachées.
Nous vivons actuellement un moment inédit dans l'histoire du Luxembourg.
Fin mars, notre vie quotidienne a basculé, et le gouvernement s'est vu contraint de prendre des mesures qui sont venues entraver profondément la vie de tout un chacun.
Nous sommes parfaitement conscients du fait que la population du Grand-Duché - à l'instar de ce qui s'est passé dans une multitude d'autres pays - a été mise à rude épreuve.
Les libertés fondamentales de tout un chacun ont été limitées, ont dû être limitées dans la lutte contre un virus qui, en de nombreux endroits dans le monde – et également tout près de chez nous - a été la source de grands malheurs.
Ces décisions n'ont nullement été prises à la légère, mais elles étaient impératives et - comme nous le savons aujourd'hui - parfaitement justes.
Il était impossible de prévoir la réaction des citoyens à ces nouvelles règles, la manière dont le comportement de toute une société pourrait effectivement changer, et surtout l'impact de ces mesures sur la propagation du virus.
Aujourd'hui, nous ne pouvons que nous féliciter de l'accueil très favorable réservé aux mesures imposées, de la grande discipline et, surtout, de la solidarité remarquable que l'on a pu observer dans notre pays.
Nous avons également constaté une énorme solidarité sur le plan national vis-à-vis des personnes les plus vulnérables susceptibles de développer une forme grave d'infection au virus ou présentant un risque élevé de ne pas survivre à une infection.
Nous avons réussi à éviter dans notre pays des situations susceptibles de provoquer un effondrement de notre système sanitaire, un résultat attribuable au mérite de toute personne vivant, résidant et travaillant au Luxembourg. C'est grâce à l'acceptation et au respect des mesures et à la discipline de tout un chacun que nous avons pu combattre en commun le virus et en limiter largement la propagation.
Je ressens un énorme respect à l'égard de tous les citoyens de notre pays de même qu'à l'égard de tous les frontaliers qui viennent travailler quotidiennement au Luxembourg. Aussi voudrais-je exprimer ici toute ma reconnaissance et ma fierté pour les bons résultats que nous avons atteints en commun.
Même si nous devons renoncer cette année à notre cérémonie traditionnelle, au cours de laquelle nous honorons les personnes qui se sont distinguées par un mérite particulier, je voudrais souligner qu'il existe à l'heure actuelle un nombre impressionnant de telles personnes méritantes.
Je songe à tous ceux qui ont contribué à assurer le fonctionnement de notre pays à un moment où cela s'est avéré particulièrement compliqué, à tous les bénévoles qui se sont occupés de nos concitoyens vulnérables, aux bénévoles dans les Centres de soins, au personnel du secteur de la santé, mais également à tous ceux qui ont apporté leur aide pour surmonter les moments les plus difficiles.
Je voudrais inclure parmi ces personnes les milliers de frontaliers, qui sont venus travailler tous les jours au Luxembourg sous des conditions parfois très pénibles, et que je voudrais remercier de tout cœur.
Le Luxembourg est – et sera toujours un pays ouvert. Notre richesse culturelle, notre force, notre prospérité, notre passé et notre futur sont étroitement liés au fait que le Luxembourg unit les différentes nationalités, contextes culturels et les langues. Nous en sommes fiers et reconnaissants.
Il est indéniable qu'il y a eu et qu'il y a toujours des personnes que la pandémie a particulièrement frappées, des personnes ayant gravement souffert des mesures, ce tant du point de vue physique que sur le plan de la santé, des personnes qui ont connu et connaissent toujours de fortes angoisses et craignent pour leur existence et leur avenir. La pandémie a causé des blessures et des dommages qui ne se laissent pas guérir, voire réparer d'un jour à l'autre. Cela prendra du temps et exigera la poursuite de l'élan de solidarité que nous avons vécu durant les dernières semaines.
Je suis persuadé que nous pourrons aborder également les mois et années à venir avec confiance et que nous réussirons à surmonter dans un effort commun la crise qui se profile au lendemain de celle que nous venons de vivre.
Altesse Royale,
Chers concitoyens,
Le terme "liberté" a acquis en cette période que nous venons de vivre une nouvelle signification, et nous avons pleinement pris conscience de l'importance que nous attachons à la liberté, ainsi que du fait que nous avons toujours éprouvé comme normal de pouvoir vivre en toute liberté et indépendance. Tel n'a pas toujours été le cas, et si nous nous trouvons rassemblés aujourd'hui devant le Monument national de la Solidarité, c'est pour nous rappeler également que nous jouissons de cette liberté et la vivons depuis 75 années, ce grâce à tous ceux qui se sont battus et ont souffert durant la Seconde Guerre mondiale pour défendre cette liberté.
Nous formons une nation, un pays, et nous faisons partie de l'Union européenne, nous sommes partenaires dans une communauté qui se distingue par des valeurs que nous continuerons à défendre et pour lesquelles nous sommes toujours prêts à nous engager. S'inscrivent dans ce contexte la solidarité de même que le respect mutuel, mais également la liberté de vivre la vie que nous souhaitons d'habiter, de travailler et de voyager là où nous l'aurons décidé, et de nous exprimer librement.
Nous nous devons de continuer à placer en première ligne ces fondements de notre démocratie et de l'Union européenne et de les défendre, tout acquis n'étant garanti que tant qu'il n'est pas mis en péril.
L'Union européenne se verra confrontée les mois et années à venir à des défis majeurs. Il s'agira d'animer et de réellement mettre en pratique l'idée de l'aide et de l'assistance réciproque tout en s'employant à faire entendre sa voix sur le plan international et de contribuer en tant que Communauté d'États à préserver la paix dans le monde et à éviter les conflits.
Je suis persuadé que l'Union européenne aura la force nécessaire pour y parvenir, tout comme je fais confiance à la force de caractère et la volonté de notre pays.
Nous vivons des temps exceptionnels, et nous avons indéniablement beaucoup appris ces derniers mois. Il serait judicieux de ne pas simplement rayer ces expériences de notre mémoire, mais d'essayer d'en préserver les aspects positifs.
Il me reste à vous souhaiter une bonne Fête nationale et à réitérer au nom du gouvernement et en mon nom personnel ma gratitude et mon respect.
Vive le Grand-Duc
Vive la famille grand-ducale
Vive notre pays