Jean-Claude Juncker à l'ouverture de l'année boursière de la Deutsche Börse AG à Francfort

Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe était l’invité de la Deutsche Börse AG pour l’ouverture de l’année boursière qui a eu lieu le 26 janvier 2009 à Francfort.

Devant un parterre de 800 représentants des mondes politique et économique allemands, dont le président du conseil d’administration de la Deutsche Börse AG, Dr. Manfred Gentz, le secrétaire d’État au ministère fédérale des Finances, Jörg Asmussen, ainsi que le maire de Francfort, Petra Roth, Jean-Claude Juncker a prononcé un discours sur la situation économique et financière en Europe.

"Le doute n’est pas un état plaisant, mais la certitude est absurde." C’est avec cette citation de Voltaire que Jean-Claude Juncker a introduit son sujet pour illustrer la situation actuelle. "Nous savons tous ici - politiciens, banquiers, boursiers, experts financiers et économiques - que l’année 2009 sera plus difficile que l’année 2008, mais nous ignorons totalement comment la situation évoluera dans les prochains mois".

Le président de l’Eurogroupe a démontré, exemples à l’appui, que tous les acteurs avaient compris tardivement à quel point cette crise, qui commençait avec la crise hypothécaire aux Etats-Unis et a fini par infecter toute l’économie mondiale, était sérieuse et profonde.

"Le retournement conjoncturel a eu lieu", a remarqué Jean-Claude Juncker en soulignant que les prévisions conjoncturelles de la Commission européenne tablaient sur un recul du PIB de la zone euro de 1,9% en 2009 et pour la seule Allemagne de 2,3%. Bien que la grande majorité des experts prévoient une reprise conjoncturelle de 0,4% en 2010 pour la zone euro et de 0,7% pour l’Allemagne, cette reprise "restera nettement en deçà du potentiel de croissance de la zone euro" et n’aura que des effets limités sur la situation sur les marchés du travail. Le chômage dans la zone euro devrait ainsi atteindre 10,2% en 2010, après un taux de 9,3% en 2009.

Pour que la reprise puisse s’installer de manière durable, tous les acteurs économiques - publics et privés - nationaux et internationaux devront assumer leurs responsabilités. Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne l’ont fait en décidant, lors du Conseil européen de décembre 2008, de soutenir l’évolution conjoncturelle avec des mesures totalisant 200 milliards d’euros.

Le Premier ministre a rappelé que la mise en œuvre des plans de relance en Europe obéissait à une stricte nécessité pour amortir les effets de la crise sur l’économie réelle et éviter des conséquences sociales néfastes. Pour financer ses programmes, il a été accepté que les mesures de flexibilité contenues dans le pacte de stabilité et de croissance doivent pouvoir jouer temporairement.

"Mais", a prévenu Jean-Claude Juncker, "il doit être clair que nous devons nous employer, dans les 4 ou 5 mois à venir, à définir une stratégie de sortie et revenir aux règles contraignantes du pacte pour ce qui est de la stabilité de nos finances publiques."

Jean-Claude Juncker a appelé de ses vœux que le secteur financier, qui doit sa survie à l’intervention des États, et les secteurs économiques non-financiers fassent preuve d’autant de responsabilité que les États, les uns en facilitant l’accès au crédit des ménages et entreprises, les autres en résistant aux tentations du court terme de réduire leurs frais par des licenciements et entraînant ainsi de sérieux problèmes au niveau de la demande interne.

Pour le président de l’Eurogroupe, la réforme du système financier international et la relance économique ne pourront se faire qu’avec les partenaires internationaux. Les décisions du G20 de novembre 2008 à Washington ont lancé ces travaux qui trouveront leur continuation lors d’un prochain G20 à Londres. "Uniquement la concertation et la coordination multilatérales pourront nous éloigner durablement des erreurs, qui nous ont mis dans la situation actuelle".

Jean-Claude Juncker a averti que la persistance et même l’accroissement des déséquilibres globaux, notamment le double déficit américain de la balance des payements et budgétaire, "sont absolument inquiétants".

À l’issue de la cérémonie, le directeur général de la Deutsche Börse AG, Dr. Reto Francioni, a remis la sculpture "Bulle und Bär", représentant la hausse et la baisse des valeurs boursières, au Premier ministre.

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