Déclaration de Jean-Claude Juncker à l'issue des résultats du référendum luxembourgeois sur la Constitution pour l'Europe

A l’issue de la publication des résultats du référendum luxembourgeois sur la Traité constitutionnel le 10 juillet 2005, le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, a fait la déclaration suivante devant la presse :

"C’est avec un certain sens de la tradition que je vous reçois ce soir à Luxembourg, puisque le 29 mai et le 1er juin nous nous étions donnés rendez-vous pour commenter les résultats des référendums français et néerlandais.

A l’époque, je vous avais dit qu’il faudrait que  nous nous revoyions ce soir le 10 juillet à Luxembourg. Par conséquent je vous souhaite la bienvenue chez nous et chez moi.

Le Luxembourg a voté dans la clarté. Le Luxembourg a dit Oui au traité constitutionnel. Vous comprendrez que je m’en félicite. C’est l’expression du suffrage universel d’un petit peuple, d’un petit Etat membre mais d’une grande nation, et par conséquent il revient à ce scrutin luxembourgeois toute l’importance qui fut accordée à l‘expression de la volonté majoritaire des Français et des Néerlandais.

J’avais pensé au cours d’une campagne qui, pour moi, fut brève - car il fallait d’abord terminer la Présidence luxembourgeoise avant d’entamer cette campagne - j’avais imaginé que les résultats – comment dire – seraient plus courts. Or je constate sans déplaisir que le résultat permettrait de lui apporter une description qui rappellerait celle qui fut apportée aux résultats des Français. Vous êtes nombreux, très nombreux à avoir dit et écrit, lorsque les Français ont dit Non avec un  pourcentage inférieur au Oui luxembourgeois, qu’il s’agissait la d’un raz-de-marée. Je ne suis pas payé pour faire des gros titres, vous comparerez ceux que vous produirez demain à ceux que vous avez produits pour vos éditions du 30 mai.

Ceci dit, ce vote a toute son importance pour le Luxembourg, puisque en dépit de nombreuses hésitations dont j’arrive à comprendre certaines, le peuple luxembourgeois a dit Oui dans la clarté.

Il est vrai que 43% de mes concitoyens ont dit non, pour de multiples raisons variées, variables et diffuses. Je voudrais que vous sachiez bien que cela ne doit pas être d’un intérêt immédiat pour vous, que j’ai toujours considéré que, Premier ministre d’un pays, je devrais l’être à 100%, ce qui veut dire également  pour 100% de ceux qui tout en n’étant pas d’accord avec moi sur tous les points et dans tous les détails composent le Luxembourg, Par conséquent je voudrais saluer les électeurs luxembourgeois qui ont dit Oui. Il leur fallait du courage après ce double Non néerlandais et français. Mais je voudrais qu’à partir de demain matin, nous essayions de recomposer notre communauté nationale en nous expliquant mieux envers ceux qui, pour des raisons qui leur sont propres, ont dit Non, tout en n’oubliant pas que la majorité des Luxembourgeois ont dit Oui.

C’est un scrutin qui a toute son importance pour l’Europe, puisque le résultat nous permet de garder le traité constitutionnel à l’ordre du jour de l’Union européenne, et que sans aucun doute il influera la phase d’explication, de débat et de controverse qui doit se dérouler dans un certain nombre d’autres Etats membres de l’Union européenne.

Vous me voyez donc satisfait et je voudrais dire à mes compatriotes que ce fut un grand moment de la démocratie. Ce pays n’a pas de tradition référendaire. Ce pays normalement est sensible à ce qu’on dit de l’Europe dans les pays avoisinants. Avoir vu la France voter Non a donné lieu chez de nombreux Luxembourgeois à des interrogations. Ils ont apporté leur réponse aujourd’hui et nous l’avons fait après un débat vertueux, contradictoire et lourd de controverses qui a su démontrer que dans les petits ensembles, les débat savent être vifs. Ce soir je suis heureux d’être Premier ministre luxembourgeois, d’ailleurs de pouvoir le rester." 

(communiqué par le Service information et presse du gouvernement luxembourgeois)

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