Jean-Claude Juncker, Transcription du discours à l'occasion de la remise de la Médaille d'or de la Fondation Jean Monnet, Lausanne

Monsieur le président Kellenberger de la Fondation,
Monsieur le président de la Confédération, mon cher ami Pascal,
Monsieur le président du conseil d’État,
Monsieur le Syndic,
Monsieur le Vice-Premier ministre honoraire du Luxembourg et ancien ministre des Affaires étrangères, Monsieur Poos, qui me fait l’amitié de m’accompagner lors de cette cérémonie, qui a lieu à un endroit et dans une ville et dans les murs d’une université qu’il connaît bien,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Je vous ai écouté avec attention et j’étais un peu gêné, non pas parce que ce que vous auriez dit m’eut paru exagéré, mais parce que j’avais tout de même l’impression d’assister à mes propres funérailles. Et à vrai dire, je n’ai pas l’âge ni l’avant-goût qui me feraient me précipiter sur de telles cérémonies. Mais ce qui fut dit le fut avec amitié, science ou avec un sens des louanges approximatives.

Je voudrais remercier tout particulièrement Pascal [Couchepin], pour avoir dit au nom de la Confédération – tout de même des propos d’autorité – ce qu’il fallait dire et j’en étais entièrement d’accord. Parce que outre l’aspect strictement européen au sens "Union européenne" du terme, je me suis toujours drapé dans cette volonté reconnue de ne pas considérer l’Europe comme étant la seule Union européenne, mais de vouloir toujours englober dans ma réflexion européenne la Suisse, que je connais bien et que j’aime bien, dans toutes ses expressions linguistiques.

Lorsque j’étais jeune, ça ne fait pas aussi longtemps que vous ne le pensez, mais enfin, ça se voit moins aujourd’hui qu’à l’époque, j’ai d’abord découvert la Suisse germanophone, puis la Suisse qui parle une des langues officielles de mon pays et donc le français et puis le Tessin, dont je suis tombé amoureux, puisque depuis une vingtaine d’années je passe mes vacances au Tessin à Locarno. Donc je me sens un peu suisse, parce que je découvre à la Suisse et au Luxembourg une intersection noble et vertueuse qui nous unit en fait sur l’essentiel.

Le fait que la Suisse ne fasse pas partie de l’Union européenne est un hasard provisoire de l’Histoire. L’Histoire va arranger cela, mais je n’ai jamais considéré la Confédération comme étant une puissance étrangère à l’Union européenne.

Je suis très honoré, Monsieur le président, de me voir attribuer, lors du trentième anniversaire de votre fondation, cette médaille d’or. Je voulais d’abord vous dire à quel point je suis ému, parce que je ne peux pas ne pas penser à celui qui m’a proposé cette médaille, c’est-à-dire mon ami Geremek, dont je regrette la disparition et dont j’aurai longtemps mémoire, puisque ce fut un grand homme, venu de l’Est – ou devrais-je dire du centre ? – de l’Europe. Un exemple pour nous tous, un modèle à suivre, une réflexion à partager et quelqu’un qui, par des propos toujours savamment inspirés nourrissait la pensée que je peux pouvoir consacrer à l’Europe. Un ami fidèle, quelqu’un qui a su guider mes pas, quelqu’un que j’aimais voir, quelqu’un qui, comme moi, s’est vu décerner le prix Charlemagne. Et une des raisons qui font que je suis fier d’avoir reçu ce prix Charlemagne sans doute est liée à la personne de celui qui l’a reçu quelques années avant moi. Quelle différence de parcours tout de même entre cet homme remarquable, entre ce grand monsieur polonais et européen et nous-mêmes, nous qui avons grandi au soleil, nous qui avons goûté sans savoir l’apprécier le délicieux goût de la liberté, nous qui pour ne plus savoir à qui nous devons cette liberté, avons oublié les vertus de celle-ci ; et lui prisonnier, opprimé, intellectuel encagé, qui a su, au moment où il le fallait, donner du volume à la liberté qu’il portait en lui-même. Quel grand Monsieur et bravo Monsieur Geremek!

Je voudrais attribuer une deuxième remarque à celui qui porte le nom de votre fondation, que je n’ai pas connu. Je n’ai jamais rencontré Jean Monnet. Lorsqu’il a vécu à Luxembourg, je n’étais pas né.

Lorsqu’il est venu s’installer au Luxembourg il était déjà porteur d’un grand avenir, parce qu’il avait déjà sur son dos, si j’ose dire, un passé articulé, lui qui a connu l’Europe, les Etats-Unis, la Chine, d’autres parties du monde, même avant la Première Guerre mondiale, pendant la Première Guerre mondiale, entre les deux guerres, et qui a donné du sens, pour l’exprimer souvent, à la construction européenne. Lui qui était le président de la Haute autorité qui s’est installée à Luxembourg avant de passer à Bruxelles, dans un mouvement humoristique de l’Histoire et qui aurait dû rester à Luxembourg. Lui qui a trouvé les bonnes formules pour expliquer cette nouvelle Europe, celle qui était en train de naître, aux Européens qui ne se reconnaissaient pas encore dans cette Europe et qui ne maîtrisaient pas les instruments de construction de cette Europe.

Lui qui a dit que l’Europe n’était pas là pour coaliser des États, mais pour rassembler des hommes, par allusion à une formule aussi célèbre que celle de Robert Schuman. Lui qui, et c’est l’essentiel de son héritage, disait que rien n’est possible sans les hommes, mais que rien n’est durable sans les institutions. C’est, je crois, la phrase essentielle, la somme de toute une réflexion sur l’organisation de l’Europe que Monnet a laissé à ses modestes héritiers. Oui, il est vrai, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées, d’être porté par une pensée et une réflexion généreuse, il faut aussi savoir l’organiser, la chorégraphier, leur donner le rythme, le mode de la danse qui va vers l’avant. Oui, sans les institutions, l’Europe, telle que nous la connaissons, je parle de l’Union Européenne, ne pourrait pas exister.

En Europe il faut toujours 3 choses: il faut une idée, il serait recommandable qu’elle prenne appui sur une réflexion plus large, il faut un calendrier et il faut une institution qui soit au service de l’idée et du calendrier. Sans idée, sans calendrier, sans institution, l’Europe n’a pas de méthode. Monnet, c’est la méthode communautaire. Monnet, c’est celui qui a su imposer à l’Europe une façon de bouger et c’est lui qui n’a jamais voulu voir l’Europe évoluer en dehors d’un cadre fondé sur des règles juridiques. Monnet est l’ami et l’allié des petits États membres de l’Union européenne, des petits États membres du Conseil de l’Europe ou d’autres institutions européennes, puisqu’il a toujours voulu voir l’Europe évoluant le long de règles juridiques communément acceptées, bien établies et respectées par tous.

Les grands de ce monde, je ne les vois pas, mais à les voir je crois qu’ils se croient grands, pensent toujours pouvoir se défaire, lorsqu’il le faut, des règles de droit. Les petits ensembles – je suis un spécialiste des petits ensembles – ont besoin d’une règle de droit. Le droit nous protège, le droit nous guide et le droit nous mène dans un cadre institutionnel préétabli vers les buts qu’ensemble avec les grands nous nous serons assignés.

Je ne voudrais pas parler de l’Europe comme si l’Europe n’englobait pas la Suisse. Je suis un des derniers amis du Conseil de l’Europe, parce que je crois que c’est une institution qui a bien servi l’Europe. Et la Suisse, dans l’enceinte de cette institution, a joué un très grand rôle. C’est là finalement où les retrouvailles entre l’Histoire et la géographie européennes ont pu se concrétiser, avant que certains de ceux qui se sont libérés du joug communiste n’avaient eu l’idée de devenir membres de l’Union européenne aussi rapidement qu’ils ne le sont devenus. C’est là où est née la nouvelle pensée européenne, gravitant autour de la noblesse des idées, portant sur les droits de l’Homme, c’est là où la liberté européenne d’après-guerre a connu sa véritable éclosion, c’est là où les plus grands esprits de l’Europe ont investi le meilleur de leur force.

Rappelez-vous Churchill, le grand Churchill, en 1948 lors de la première réunion du mouvement paneuropéen à La Haye et devant le refus de l’Union soviétique de voir les pays de l’Europe centrale – dont l’Union soviétique pensait qu’ils seraient à tout jamais ses satellites – avoir accès au plan Marshall ; Churchill en 1948 disait, devant un public mi-convaincu et mi-hésitant, comme il voulait voir les pays de l’Europe centrale devenir membres du Conseil de l’Europe, ce que l’Union soviétique empêcha, "nous commençons aujourd’hui à La Haye et à l’Ouest ce qu’un jour nous allons terminer à l’Est". Nous y sommes. Ce n’est pas Staline qui a gagné, c’est Churchill qui a gagné.

Mais nous, les Européens, nous n’en sommes pas fiers, comme nous ne sommes pas fiers des autres performances de l’Europe. Regardez cette Europe, ce continent européen malheureux, si souvent déchiré, si souvent martyrisé, si souvent torturé, si souvent blessé dans ce qui aurait pu être la plus noble de ses vertus, passer de la logique de guerre à une logique de paix. Regardez cette Europe, ce continent européen qui se caractérisa par le fait que sur 400 années, tous les 15 ans nous avions eu une guerre entre les Allemands et les Français et dont nous Luxembourgeois très souvent nous faisions les frais, parce que nous réservions à ces stupidités les terrains d’affrontement dont ils avaient besoin; cette Europe qui s’est su départager, s’éloigner de ces démons du passé pour organiser la paix entre nous.

On me dit souvent qu’il ne faut plus parler de la guerre et de la paix, parce que les jeunes n’aiment plus entendre ce discours et que c’est un discours de grand-père – voilà un type qui reçoit des médailles et tout ça et qui parle de la guerre et de la paix. Voyez-vous, que les jeunes l’aiment ou ne l’aiment pas, je veux parler de la guerre et de la paix, parce que c’est le sujet éternel de l’Europe, c’est le drame de l’Europe, c’est le dilemme persistant de l’Europe. Qui aurait cru qu’en Europe, après la Seconde Guerre mondiale, nous connaîtrions une nouvelle guerre aux Balkans? Qui aurait cru que nous connaîtrions les viols et les camps de concentration au Kosovo? Qui aurait cru que cet été, à la périphérie de l’Europe, pourrait se déclencher une guerre entre deux volontés, qui pour ne pas s’écouter voulaient à tout prix s’opposer pour se faire plaisir à elles-mêmes. La guerre et la paix, ce sont deux ensembles qui ne sont jamais très éloignés et donc il faut dire que l’Europe, que l’Union européenne, que la logique de la construction continentale européenne est faite pour servir la paix. Mais nous n’en sommes pas fiers.

Je ne comprends pas, à vrai dire, cette attitude larmoyante européenne qui s’apitoie sur elle-même, alors que les autres parties de la planète entière nous admirent. Quelle joie j’éprouve chaque fois d’être Européen lorsque je descends d’un avion en Asie ou en Afrique. Voilà des yeux éblouis, des mots de tendresse qui vous accueillent parce que vous êtes Européen, parce que vous êtes porteur d’un grand message, qui est un message de civilisation et de pacification. Il faut être fier de ceux qui étaient les pères de l’Europe, les pères fondateurs de l’Europe, d’avoir su faire la paix. Il faut être fier de nos parents.

Les hommes et les femmes de ma génération considèrent toujours que l’Histoire de l’humanité a commencé avec notre naissance. C’est un peu court comme pensée historique. Non, regardez ceux qui sont revenus des camps de concentration et des champs de bataille en 1945 dans leurs villes et villages détruits et qui pour la toute première fois dans l’Histoire continentale ont fait de cette éternelle phrase d’après-guerre "plus jamais la guerre" un programme politique. Et qui ont jusqu’à ce jour, jour après jour, pas par pas, étape par étape, traité par traité, directive par directive, règlement par règlement, traduit en réalité ce programme politique qu’ils n’ont pas voulu laisser au stade de prière universelle, mais de programme multisectoriel.

Ce n’est pas ma génération qui a fait l’Europe. C’est la génération des hommes et des femmes qui ont connu la guerre, qui ont voulu faire l’Europe, ce qui fait de nous les modeste héritiers d’une grande volonté qui fut celle de la génération de guerre. Prenez mon père, qui, parce que né en 1924 et relevant de cette génération sacrifiée des jeunes Luxembourgeois qui étaient nés entre 1920 et 1927, était recruté de force, enrôlé de force dans l’armée allemande pour combattre son propre pays. Vous les Suisses vous n’avez pas vécu ça, vous n’avez jamais dû prendre les armes contre votre propre pays. A chaque fois que je réfléchis à la différence lorsqu’il s’agit de l’Europe, à la différence sentimentale dans l’approche de l’Europe, me vient à l’idée cette terrible tragédie de la famille de mon père, dont la mère, donc ma grand-mère, a vu partir le même jour 5 des ses fils dans l’armée allemande en Russie, en Yougoslavie, en Slovénie, en Croatie. La Suisse n’était pas concernée par ce drame de guerre qui fut pour nous un drame de famille ressenti dans la biographie de chaque famille luxembourgeoise, ce qui explique jusqu’à ce jour pourquoi nous savons pertinemment bien qu’il ne saurait y avoir d’autre option pour l’Europe que son intégration chaque jour davantage structurée.

Nous les Européens nous ne sommes plus fiers de rien, ni de la paix, ni du fait d’avoir laissé la guerre derrière nous. Nous ne sommes plus capables de goûter au plaisir du marché intérieur, qui inclut d’ailleurs la Suisse, après tant de difficultés, mais tout de même. Nous n’aimons plus cette idée de voir les accords de Schengen englober même ceux qui a priori n’en voulaient pas toujours. Je me dis souvent lorsque j’en ai mare avec l’Europe et enfin tout le reste, qu’il faudrait réintroduire pour 6 mois les frontières, les frontières entre le Luxembourg et la Belgique, les frontières entre le Luxembourg et l’Allemagne. J’ai connu lorsque j’étais jeune, ces longues files qui ne rapprochaient pas mais qui éloignèrent plutôt les peuples que de les rassembler.

Nous ne sommes pas fiers de l’Euro. Nous en Europe et vous en Suisse, que serions-nous aujourd’hui au niveau des 16 pays qui ont fusionné leurs monnaies nationales pour avoir une monnaie unique. Sans l’Euro, que serions-nous devenus au moment des crises financières latino-américaine, russe, asiatique. Que serions nous devenus au moment de la guerre de l’Irak où l’Europe s’est partagée en deux divisions, qui paraissaient être irréconciliables, tellement elles se regardaient en chiens de faïence. Que serions-nous devenus le 11 septembre 2001 lorsque les tours de New York se sont effondrés? Que serait devenu le franc français le soir du référendum négatif sur le traité constitutionnel? Que serait devenu le florin néerlandais au moment où les Néerlandais ont dit non au traité constitutionnel? Que serait devenue la livre irlandaise le jour où l’Irlande a rejeté le traité – modeste, timide, ultra simplifié – de Lisbonne? Où serions-nous sur le continent européen sans les vertus de discipline de la monnaie unique au moment de la crise financière que nous traversons à l’heure où nous sommes? Que serait devenu le franc suisse dans tout cela s’il n’y avait pas eu la sphère stabilisatrice de la monnaie unique européenne. Nous serions plus malheureux, nos économies seraient dans un bien piètre état. Nos marchés de l’emploi seraient dans un état désolant s’il n’y avait pas eu la création de la monnaie unique et s’il n’y avait pas eu dans la génération des hommes et des femmes de guerre ceux qui n’abandonnaient jamais l’idée d’avoir en Europe une monnaie unique, comme mon généreux prédécesseur Pierre Werner, qui fut l’auteur du premier plan, qui portait son nom d’ailleurs, sur la monnaie unique, et dont la fille est ici présente. C’étaient des hommes qui, à une époque où on pensait peu à l’avenir, parce qu’on restait empêtré dans ce qui fut le passé, commençaient déjà à pré-façonner l’Europe, la place de l’Europe dans le monde, la logique européenne qui devrait pouvoir influencer le cours des choses.

Donc je reste, Monsieur le président, fier d’être honoré par votre fondation, dont la réputation n’est plus à faire et qui elle aussi accumule les mérites, puisqu’elle est au service de l’héritage de ce grand européen que fut Jean Monnet, non pas d’une façon, comment dire, muséologique ou muséale, comment dit-on en français? – enfin les deux je crois, parce que je sais que les Suisses, en allemand et en français emploient parfois des expressions qui permettent à tout Luxembourgeois de dire lorsqu’il s’exprime mal en français ou en allemand, de dire, mais les Suisses disent comme ça ou les Autrichiens, mais les Autrichiens moins souvent que les Suisses parce que les Autrichiens maîtrisent mal la langue de Voltaire, alors que les Suisses le font.

Vous vous occupez de l’héritage de Monnet d’une façon scientifique et d’une façon qui ne cesse d’inspirer les jeunes générations qui peuvent trouver en Jean Monnet quelqu’un qui à une époque où cela ne fut pas évident, a su préfigurer les chemins qui mènent vers une Europe davantage intégrée, donc plus pacifique.

Je crois que, oui, l’Europe a une vocation pour elle-même, que, oui, l’Europe – Conseil de l’Europe, Union Européenne, d’autres organisations internationales – a l’ardent devoir de ne pas se concentrer sur elle-même. Je crois que les Européens n’auront pas accompli leur devoir tant que la pauvreté et tant que la famine à travers la planète entière resteront à l’ordre du jour. Nous avons réussi, je ne sais pas qui, mais nous en étions sans doute, à abolir l’esclavage au 19e siècle. Ne faudrait-il pas que nous Européens, riches finalement, riches, très riches, nous nous engagions à éradiquer de la surface de la planète la pauvreté pendant la 1re moitié du 21e siècle? Est-ce que l’Europe a le droit de ne pas regarder les autres? Est-ce que nous sommes un continent autorisé à s’adonner à un réflexe de nombrilisme que les autres parties de la planète n’arriveraient pas à comprendre? Ils n’arrivent pas à comprendre; tant qu’il y a 25.000 enfants qui meurent de faim chaque jour, l’Europe n’est pas arrivée au bout de ses peines. Pour réaliser tout cela, pour faire en sorte que notre intégration devienne irréversible, pour faire en sorte que ceux qui doutent encore un jour puissent franchir le pas pour adhérer d’une façon pleine ou entière ou d’une autre façon, peu importe, à l’Union européenne pour arriver au stade où tout ce que nos pères ont rêvé, pensé et ce que nous avons reçu comme devoir d’héritage de réaliser, jusqu’à ce jour nous aurons besoin de beaucoup de patience et de beaucoup de temps. Il n’y a pas de grandes ambitions qui n’auraient pas besoin de longues distances.

Merci de votre attention.

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