Jean-Claude Juncker à la 10e conférence internationale de la fondation Otto Brenner le 15 avril 2009

Le 15 avril 2009, le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a prononcé un discours au sujet de "L’idée de l'Europe: défis pour les syndicats" à la 10e conférence internationale de la fondation Otto Brenner organisée en coopération avec la fondation Hans Böckler, la fondation Friedrich Ebert et l'ETUI (European Trade Union Institute) à Bruxelles.

Pour Jean-Claude Juncker, les motifs qui devraient amener les citoyens à se passionner pour le projet d’unification européenne ne manquent pas. L’arrimage des pays d’Europe centrale et occidentale à l’Union européenne en 2004 est selon lui un événement historique qui a marqué "l’arrivée de l’Europe en Europe" et a permis "de concilier histoire et géographie européennes". Il a rejeté l’analyse selon laquelle l’idée de l’Europe en tant que garant de paix et de prospérité appartenait à une époque révolue et a rappelé pour preuve les événements qui se sont déroulés dans les années 1990 au Kosovo. Au lieu de réveiller de vieux démons tels que les égoïsmes nationaux, les tentations protectionnistes "qui ne rendent pas les choses plus faciles", Jean-Claude Juncker a préconisé de resserrer les liens européens.

La crise économique et ses origines

En jetant un regard sur les mois écoulés, Jean-Claude Juncker a reconnu que les instances européennes avaient sous-estimé l’envergure de la crise économique et financière. En début de crise, maints spécialistes ont minimisé l’ampleur de la crise en arguant "qu’elle s’inscrivait dans la continuité d’une histoire cyclique des processus économiques", d’autres encore ont fait valoir qu’elle se limitait à un secteur spécifique de l’économie américaine et qu’elle n’affecterait pas l’économie réelle et ne se propagerait pas jusqu’en Europe. Aujourd’hui, en revanche, alors que la zone euro est entrée en récession, Jean-Claude Juncker constate que la crise, dont les répercussions sont mondiales, a mis à nu les liens d’interdépendance qui existent entre les différentes économies.

Quelles ont été les origines de la crise économique et financière? À côté d’une prise de risque inconsidérée dans le secteur financier, Jean-Claude Juncker a identifié des causes plus fondamentales. L’effondrement du mur de Berlin, qui a signé en même temps la fin du modèle communiste, a, selon Jean-Claude Juncker, fait naître l’illusion que "les Européens étaient parvenus à surmonter les divisions fondamentales au sein des sociétés". Or c’était oublier que "le système capitaliste portait en soi les germes d’une crise" et "que le marché seul ne produit pas de solidarité".

Comment sortir de la crise?

À côté d’une régulation accrue des marchés, Jean-Caude Juncker s’est exprimé en faveur d’une règlementation des rémunérations versées aux managers, en soulignant qu’elles devraient être abaissées à un niveau "normal, même si ce montant demeure encore très éloigné de ce que le salarié ordinaire considère comme étant normal". Le chef de file de l’Eurogroupe a également exigé à ce qu’"aucun produit financier ni aucun acteur de la finance ne puisse échapper à la réglementation et aux mécanismes de contrôle". "La carte du monde économique et financière ne doit plus être entachée de trous noirs", a-t-il conclu.

Après avoir mis en évidence les vertus protectrices de la monnaie unique européenne, le président de l’Eurogroupe a souligné le bien-fondé des plans de relance européens, dont le montant s’élève à 3,5% du PIB. Il s’est exprimé contre des dépenses supplémentaires, en argumentant "qu’il faut d’abord permettre aux mesures de déployer pleinement leurs effets". Il a justifié cette approche par le rôle régulateur des stabilisateurs automatiques en Europe, dont l’impact est plus important qu’aux États-Unis. Afin d’améliorer la position compétitive de l’Europe, il a préconisé d’accroître les investissements publics, notamment dans le domaine des nouvelles technologies de l’information.

Jean-Claude Juncker a estimé qu’il n’existait pas de recette miracle pour sortir de cette crise économico-financière, mais il a dessiné les contours d’une Europe plus sociale qui devrait être mise en place après la sortie de la crise. Devant un parterre de 200 personnalités du monde politique et syndical, il a souligné l’importance du recours au chômage partiel en temps de crise, instrument qui permet de maintenir des emplois tout en réduisant les charges des entreprises. Il a prôné l’instauration de normes sociales minimales européennes et d’un salaire minimum européen, en soulignant qu’une "union monétaire n’a pas de sens sans une union sociale". "Qu’il n’existe pas encore un salaire minimum en Europe est une honte", a dit Jean-Claude Juncker, en concluant qu'"aussi en temps de crise économique, l’être humain garde toute sa dignité, qu’il ait du travail ou que, temporairement, il ne travaille pas."

(communiqué par le Service information et presse)

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