Jean Claude Juncker s'exprime dans une interview en faveur de l'instauration d'un salaire minimum en Europe

Dans une interview accordée le 5 août 2010 à AWV-Informationen, le Premier ministre Jean-Claude Juncker s’exprime sur le projet de l’Union européenne, l’avenir du pacte de stabilité et de croissance et l’instauration de minima sociaux en Europe.

L’Union européenne: une architecture complexe sans cesse menacé de désintégration

Dans l’entretien, Jean-Claude Juncker a relativisé le risque de désintégration de l’Union européenne (UE) en rappelant que ce risque existe depuis les débuts de l’UE et aussi de son prédécesseur, la Communauté économique européenne (CEE). Il a regretté, dans ce contexte, que l’on oublie trop souvent la complexité du continent européen et de son mode de gouvernance. Pour illustrer ses propos, il a rappelé que l’on doit coopérer, au sein de l’Eurogroupe, non seulement avec les 16 États membres de la zone euro, mais aussi avec les 16 Parlements, voire les 60 partis politiques composant les gouvernements.

Même si la coordination de cet ensemble complexe qui est sans cesse menacé de désintégration s’avère ardue, Jean-Claude Juncker estime que le risque de désintégration n’est pas particulièrement prononcé à l’heure actuelle où l’on est confronté à la problématique globale de l’euro. Aux yeux de Jean-Claude Juncker, il revient aux responsables politiques de fournir la preuve qu’il s’agit d’une zone cohérente au niveau du contenu.

Quel avenir pour le pacte de stabilité et de croissance ?

Concernant l’avenir du pacte de stabilité et de croissance dans un contexte marqué par des déficits publics élevés des États membres, Jean-Claude Juncker a estimé que les dispositions du pacte de stabilité et de croissance suffisent amplement si les États membres les appliquent à la lettre. Étant donné que ceci n’est pas le cas, il a souligné la nécessité de rendre les obligations et les sanctions du pacte plus astreignantes. Il a soutenu, dans ce contexte, l'idée d'un fonds monétaire européen sur base des propositions de Wolfgang Schäuble en soulignant "qu’un tel fond permettra à l’UE d’être mieux outillé en cas de crises".

Jean-Claude Juncker a estimé par ailleurs qu’une taxation globale des transactions financières internationales est réalisable voire souhaitable, et, vu l’incapacité du G20 de prendre une décision à ce sujet, a préconisé de développer une solution européenne qui aurait une telle force explosive qu’elle engendrerait un effet d’entraînement sur d’autres pays.

"La question sociale n’a été pas suffisamment éclairée"

Jean-Claude Juncker aperçoit depuis plusieurs années un risque réel de voir les citoyens se distancer du projet européen. Tout en rappelant que des efforts énormes ont été entrepris pour rapprocher les législations nationales et achever le marché intérieur, il a regretté que "la question sociale n’a été pas suffisamment élucidée". Jean-Claude Juncker est d’avis que le projet européen ne peut pas avancer si on continue d’accepter que certaines parties du salariat se distancent du projet européen. "On ne peut pas construire l’Union européenne contre les citoyens", a mis en garde Jean-Claude Juncker. Il a également rappelé sa proposition d’instaurer des standards sociaux minimums, notamment dans les domaines des droits des travailleurs, de la protection contre le licenciement et du salaire minimum. Tout en excluant la mise en place d’un salaire minimum homogène en Europe, Jean Claude Juncker s’est exprimé en faveur d’un salaire minimum fixé sur base d’un pourcentage x du revenu moyen de l’État membre concerné.

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