Visite de travail de Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, au Burkina Faso

Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, a effectué du 27 au 29 janvier 2003 une visite de travail au Burkina Faso, pays partenaire privilégié de la coopération luxembourgeoise depuis 1998.

Le Burkina Faso, avec une superficie de 274.190 km2 (trois fois la taille de l’Autriche) et une population de 11,8 millions d’habitants est un des pays les plus pauvres de la planète avec près de 45% des Burkinabés vivant en dessous du seuil absolu national de pauvreté. La population dépend largement de la production agricole, qui emploie plus de 90% de la population et à un moindre degré de l’élevage et de l’artisanat.


Le ministre Charles Goerens et le ministre des Finances et du Budget du Brkina Faso Jean Baptiste Pascal Compaoré lors de la signature de l’accord sur le partenariat

Le ministre Charles Goerens et sa délégation ont été accueillis dans la soirée du 27 janvier 2003 à l’aéroport de Ouagadougou par Monsieur Jean Baptiste Pascal Compaoré, ministre des Finances et du Budget. Une réception offerte par le ministre Charles Goerens, rassemblant entre autres les ministres burkinabés des Finances et du Budget, du Commerce, de l’Environnement, de la Santé et de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, bon nombre d’acteurs de la coopération luxembourgeoise au Burkina Faso ainsi que des représentants d’organisations internationales (UE, ONU), marqua la fin de la première soirée dans la capitale burkinabé.

Le séjour de la délégation luxembourgeoise au Burkina Faso, ce qui en langue locale signifie "pays des hommes intègres", a vraiment commencé le 28 janvier par une réunion de travail avec Monsieur Jean Baptiste Pascal Compaoré, ministre des Finances et du Budget, au ministère des Finances et du Budget, suivie par l’ouverture officielle de la première commission de partenariat entre le Burkina Faso et le Luxembourg et la signature de l’accord sur le partenariat entre les deux pays.

Cet accord intervient trois ans après la signature de l’accord général de coopération entre les deux gouvernements, le 27 octobre 1999 à Luxembourg, et en fait dorénavant partie intégrante. Il a l’objectif de créer une commission de partenariat qui se réunit au moins une fois par an au niveau ministériel ou au niveau des hauts fonctionnaires, alternativement au Burkina Faso et au Luxembourg. La commission de partenariat a non seulement comme objet de contribuer au renforcement des relations en matière de coopération au développement entre les deux pays, mais aussi de définir les orientations globales à donner aux relations de coopération, notamment dans les domaines social, culturel, scientifique, technique, financier et économique et de promouvoir le dialogue politique.

Les deux délégations ont passé en revue l’ensemble des relations en matière de coopération au développement et ont adopté le Programme Indicatif de Coopération (PIC) Luxembourg-Burkina Faso 2003-2007. Ce PIC précise les axes de coopération, définis à partir des options de développement du gouvernement burkinabé et les principes et stratégies de la coopération au développement du gouvernement luxembourgeois pour une durée de quatre ans. "Afin de donner à notre coopération une dimension plus stratégique et à plus long terme", a relevé le ministre Charles Goerens suite à la signature de l’accord et du PIC, "le Luxembourg a pris la décision de passer progressivement d’une approche-projet à une approche-programme". C’est pour cette raison que des PIC sont élaborés et signés avec les 10 pays partenaires privilégiés, dont le Burkina Faso.

Le Programme Indicatif de Coopération assurera une évolution plus cohérente des interventions de la coopération entre la Burkina Faso et le Luxembourg et une plus grande pertinence des actions envisagées par rapport aux réalités et aux besoins du Burkina Faso. La réduction de la pauvreté sera le fil conducteur pour toutes les interventions de la coopération entre le Burkina Faso et le Luxembourg. Aussi, la priorité sera-t-elle donnée aux secteurs de l’éducation et de la formation technique et professionnelle, à la santé et à l’artisanat.

Le ministre Charles Goerens s’est félicité que la première commission de partenariat se soit déroulée "dans un véritable esprit de partenariat". "Par ce nouvel accord de partenariat, sachez que le Luxembourg se considère comme votre partenaire dans la lutte contre la pauvreté", a-t-il ajouté. Il s’est félicité que la prochaine commission de partenariat entre le Luxembourg et le Burkina Faso se déroule en 2004 au Luxembourg.

De son côté, M. Compaoré, ministre des Finances et du Budget a souligné que "le gouvernement et le peuple burkinabé saluent à leur juste effet les efforts du gouvernement luxembourgeois envers leur pays". Il a ajouté ensuite que le Burkina Faso, dans un effort de lutte contre la pauvreté, a adopté en 2000 le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) et a fait appel aux bonnes relations avec le Luxembourg en disant: "Nous savons que nous pouvons compter sur le Luxembourg".

La coopération entre le Luxembourg et le Burkina Faso a véritablement commencé en 1998, lorsque le gouvernement luxembourgeois a décidé d’intégrer le Burkina Faso dans la liste de ses pays partenaires. Deux ans auparavant, en 1996, ce pays, anciennement Haute Volta, devenait un nouveau pays bénéficiaire de la coopération bilatérale gouvernementale. Une des raisons de ce choix a été que, depuis longtemps, un certain nombre d’ONG luxembourgeoises travaillaient dans ce pays. En 1959, par exemple, la "Jeunesse catholique rurale luxembourgeoise" introduisait les premiers échanges d’agriculteurs. Sept ONG luxembourgeoises sont actuellement actives au Burkina Faso.

Les relations de coopération bilatérale entre le Burkina Faso et le Luxembourg ont culminé le 27 octobre 1999 avec la signature d’un accord général de coopération, établissant les principes généraux des relations entre le Burkina Faso et définissant les formes de la coopération. L’intensification des rapports entre les deux pays s’est intensifiée grâce à l’ouverture d’une mission de la coopération du Grand-Duché de Luxembourg en Afrique de l’Ouest en 2001, responsable pour les cinq pays cibles de la coopération luxembourgeoise en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Cap Vert, Mali, Niger, Sénégal). Le 16 janvier dernier Youssouf Ouedraogo, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, avait déjà effectué une visite de travail au Luxembourg.

Suite à la signature de l’accord portant création d’une commission de partenariat entre les deux pays, MM. Goerens et Compaoré ont assisté à l’ouverture officielle de l’atelier de réflexion "Dialogue à deux voix pour un financement de l’exploitation familiale rurale", organisé par SOS FAIM avec le soutien du ministère des Affaires étrangères luxembourgeois. Cet atelier de réflexion, qui se tient du 27 au 31 janvier 2003 à Ouagadougou, réunissant des représentants politiques de quatre pays ouest-africains (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal), a comme objectif de trouver des réponses visant à surmonter les contraintes qui limitent le financement de l’exploitation familiale rurale dans les pays du Sud en général et en Afrique de l’Ouest plus particulièrement.


Atelier de réflexion de SOS Faim (de g. à dr.): Monique Kieffer-Kinsch, présidente de SOS Faim Luxembourg, le ministre Charles Goerens et le ministre Jean Baptiste Pascal Compaoré

En effet, le financement de l’exploitation familiale rurale constitue un des enjeux majeurs de la lutte contre la pauvreté. Le non-accès au crédit et à un service bancaire minimum engendre l’exclusion économique et l’isolement social. Dans les quatre pays de cette campagne, 80% de la population vit directement de l’agriculture. Via des réseaux de caisses populaires d’épargne et de crédit, des institutions financières à caractère social ou des fonds de garanties, les ONG jouent un rôle important dans le développement des services financiers de proximité adaptés aux besoins des plus démunis. Aussi bon nombre d’agriculteurs se sont-ils regroupés en organisations paysannes ou coopératives pour mieux défendre leurs intérêts. Ces coopérations agricoles peuvent aussi jouer un rôle important pour surmonter une des difficultés majeures en zone rurale, la dispersion de la clientèle. Les institutions de microfinance (IMF), actives dans les pays d’Afrique de l’Ouest elles aussi, ont acquis ces dernières années une expérience impressionnante en matière de mobilisation de l’épargne dans les zones rurales.

Dans son intervention, le ministre Charles Goerens a pris position au problème en plaidant d’abord en faveur d’une approche plus globale en matière de politique agricole et en faveur d’un « vrai partenariat entre le nord et le sud ». En mettant au pilori l’actuel système commercial mondial, le ministre a préconisé qu’il faut prendre en considération l’ensemble des préoccupations de la paysannerie et insister sur une plus grande ouverture des marchés. Ensuite, en ce qui concerne l’accès au crédit dans les pays en voie de développement, le ministre s’est dit choqué face à l’accès inégal et aux taux de crédit exagérés. Charles Goerens a enfin insisté sur l’importance des politiques d’accompagnement dans les domaines de la santé, de l’éducation, etc., indispensables pour garantir le bon développement du monde paysan.

En fin de matinée du 28 janvier 2003, le ministre Charles Goerens et sa délégation ont quitté la capitale burkinabé pour se rendre à Bobo-Dioulasso (230.000 habitants), deuxième capitale économique au Sud-Ouest du pays, afin de voir sur le terrain les avancées réalisées dans le cadre de projets bilatéraux soutenus par le gouvernement luxembourgeois.


Explications des différentes méthodes de séchage au ministre Goerens

Au Burkina Faso, ce qui en langue locale signifie "pays des hommes intègres", la coopération luxembourgeoise intervient dans quatre secteurs, à savoir: la promotion et le développement du secteur privé via le projet du "Village artisanal de Ouagadougou"; l’éducation de base avec le programme intitulé "Alphabétisation fonctionnelle et développement dans la région des Hauts-Bassins"; l’environnement avec l’assistance au gouvernement burkinabé dans la mise en œuvre de son programme national d’aménagement des forêts dans deux forêts dans la région des Hauts-Bassins; et la sécurité sanitaire à travers le projet d’appui à la politique burkinabé de transfusion sanguine. Dans le cadre de la coopération multilatérale, la coopération luxembourgeoise appuie également la politique burkinabé de promotion de la jeunesse à travers un programme d’appui à la jeunesse défavorisée et marginalisée des provinces du Houet et de Tuy.

La coopération entre le Burkina Faso et le Luxembourg concentre ses activités dans les villes de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso et dans la région des Hauts Bassins (provinces du Houët et du Tuy).

Le Burkina Faso, qui se situe à la 169ième place (sur 173 pays) dans le rapport sur le développement humain du PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement), est un des plus pauvres pays de la planète. Les projets bilatéraux initiés par le gouvernement luxembourgeois sont tous exécutés par Lux-Development, l’agence de coopération au développement du gouvernement. Lux-Development a ouvert, le 15 janvier 2003, un bureau régional à Ouagadougou, couvrant le Burkina Faso, le Mali et le Niger et dirigé par M. Gaston Schwartz de Lux-Development.

L’après-midi du 28 janvier a été entièrement consacré à la visite de projets bilatéraux de la coopération luxembourgeoise, notamment le projet à caractère environnemental des forêts classées de Dindéresso. Ce projet de trois ans (2003-2005) vise à assister le gouvernement burkinabé dans la mise en œuvre de son programme national d’aménagement des forêts dans deux forêts de la province du Houet, dont le chef-lieu est Bobo-Dioulasso. La forêt classée de Dindéresso d’une étendue de 8.500 hectares présente un aspect de dégradation très avancée due notamment à la coupe abusive de bois de chauffe pour approvisionner la ville de Bobo-Dioulasso, les pratiques agricoles, les apports de déchets ménagers ainsi que le déversement d’effluents liquides industriels. L’autre forêt, qui fait partie du projet, la forêt classée du Kou, d’une étendue de 115 hectares, représente la dernière formation de forêt dense du Burkina Faso. La mise en œuvre d’actions d’accompagnement au profit des villages riverains et de certains quartiers urbains et péri-urbains constitue un élément clé du projet.

De retour à Bobo-Dioulasso, le ministre Charles Goerens et sa délégation ont été accueillis par le Haut Commissaire de la ville de Bobo-Dioulasso, à qui M. Goerens a rendu une visite de courtoisie pendant laquelle fut discuté l’avancement des projets de la coopération luxembourgeoise.

Cette journée du 28 janvier s’est terminée par un cocktail offert aux responsables régionaux, au personnel national et international des projets financés par le gouvernement luxembourgeois et aux partenaires au développement.

Le 29 janvier 2003, le ministre Charles Goerens et sa délégation ont quitté la ville de Bobo-Dioulasso pour regagner Ouagadougou. En cours de route, la délégation a fait halte dans la province du Tuy afin de voir les avancées réalisées dans le cadre d’un projet réalisé dans 75 villages de la région, projet qui allie alphabétisation et petites réalisations comme des pompes à eau manuelle, des activités génératrices de revenu comme la fabrication de savon, la teinture, le séchage de fruits et légumes et ainsi de suite.

Un projet intitulé "Alphabétisation fonctionnelle et développement villageois dans la région des Hauts-Bassins" s’étendant sur quatre années (1999-2003), est exécuté par Lux-Development dans les provinces de Houët et Tuy. Le Burkina Faso a un taux d’alphabétisation de 22%, alors que dans la sous-région on l’estime à 55%. Il y a non seulement des disparités entre les différentes régions (les villes comptent 49% d’alphabétisés contre 10% en milieu rural), mais aussi entre les hommes et les femmes (30% contre 14,5%). L’alphabétisation des ruraux, de tous ceux et de toutes celles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, est un défi à relever au Burkina Faso et en particulier dans la région des Hauts Bassins. Ainsi le projet s’inscrit dans le grand objectif de lutte contre la pauvreté. Aussi ce programme vise-t-il surtout à lier les activités d’alphabétisation à des activités économiques, mais aussi sociales et culturelles dans un cadre non scolaire.

La formulation de l’alphabétisation et de l’éducation de base se traduit sur le terrain par l’appui à la construction de centres d’alphabétisation bien équipés avec éclairage solaire, la formation d’au moins deux alphabétiseurs villageois volontaires par village, la mise en place de bibliothèques villageoises, la création d’une caisse ou d’un fonds d’alphabétisation, permettant d’entreprendre de nouvelles activités génératrices de revenus - revenus destinés au financement courant de l’alphabétisation.

En ce qui concerne les projets villageois, les activités sont très diversifiées et sont déterminées en fonction des priorités du village. Il s’agit d’activités rémunératrices (confection de moulins, moto pompes, petit élevage, apiculture) qui impliquent toutes une contribution financière versée au fonds villageois d’alphabétisation.

Toutes les activités sont précédées de formations effectuées en dioula – une des langues du pays - en général courtes, mais bien ciblées. L’alphabétisation cible particulièrement les femmes et les jeunes filles, qui participent à des activités spécifiques, telles la formation à la confection de savon, au séchage, à la teinture et à la gestion.

Le ministre Charles Goerens et M. Dakar Djiri, ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, se sont rendus dans deux des villages participant au projet où une centaine de villageois les attendaient déjà avec impatience. Ceux-ci étaient fiers de leur expliquer, sous forme de démonstration, comment fonctionne la fabrication de savon, la teinture, le séchage de fruits et légumes. Charles Goerens s’est félicité de l’envergure du projet et de son effet positif sur les populations villageoises.

De retour à Ouagadougou, le ministre Charles Goerens a participé à la cérémonie de remise des vélos dans le cadre du projet "Vélos pour le Burkina", organisé par l’ONG luxembourgeoise "Chrétiens pour le Sahel". Le projet a démarré suite à la visite au Luxembourg de M. Michel Bationo, ardoisier burkinabé, lors du départ du Tour de France au Luxembourg en juillet 2002. 651 vélos ont été collectés, dont environ 150 vélos de course pour les cyclistes burkinabé. 500 vélos seront offerts à une cinquantaine d’organisations humanitaires burkinabé. De plus, une tonne d’habits, de chaussures et de jouets ont été collectés, qui seront distribués par le biais d’organisations burkinabé. Charles Goerens a tenu à remercier l’ONG "Chrétiens pour le Sahel" ainsi que tous ceux ayant participé à cette initiative pour leur engagement remarquable.

Communiqué par le Service Information & Presse

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