À propos... des langues au Luxembourg

Dans la présente brochure, le masculin est employé à des fins de lisibilité. Cette forme générique inclut toutes les identités de genre, dans une démarche d'inclusivité et d'égalité.

Rares sont les pays où, comme au Luxembourg, l'utilisation quotidienne de multiples langues s'étend sur tout le territoire, tant à l'oral qu'à l'écrit, et dans tous les aspects de la vie. Le Luxembourg se caractérise par son multilinguisme: au quotidien, le luxembourgeois, l'allemand et le français côtoient les langues des 180 nationalités recensées au Grand-Duché, notamment l'italien, le portugais et l'anglais, reflet des flux migratoires et du développement institutionnel et financier du pays. Ensemble, ces langues forment une partie éminente de l'identité du pays et servent de fondement à la cohésion sociale.

Origines et développement du multilinguisme au Luxembourg

Le Luxembourg est un melting-pot linguistique qui trouve ses origines dans l'influence des grands pouvoirs européens à travers les siècles, enrichi par les mouvements migratoires des XIXe et XXe siècles et l'engagement européen du pays. Le luxembourgeois, quant à lui, est fortement marqué par des éléments de langues germaniques et romanes. Ayant existé comme langue orale pour la plus grande partie de son histoire, le luxembourgeois s'établit désormais comme langue écrite et constitue la première langue d'intégration pour les communautés étrangères.

L'histoire de la langue luxembourgeoise d'un point de vue linguistique

L'histoire de la langue luxembourgeoise remonte au Moyen Âge, plus précisément aux Ve et VIe siècles. À cette époque, la tribu germanique des Francs s'établit sur une grande partie de la France, de l'Allemagne et de la Belgique. Leur langue n'est pas uniforme: les dialectes varient considérablement selon les régions. La variété franconienne parlée dans nos régions se transforme pour donner naissance au francique mosellan (Moselfränkisch). Au fil des siècles, cette langue évolue progressivement pour devenir le luxembourgeois. Comme le néerlandais et l'anglais, le luxembourgeois appartient ainsi à la famille des langues germaniques occidentales.

© ZLS

La carte montre la répartition en éventail des langues franciques occidentales, le long de frontières phonétiques historiques formées depuis la colonisation germanique. Quatre lignes phonétiques séparent les aires dialectales du francique néerlandais au francique rhénan; le luxembourgeois (une variété du francique mosellan occidental, Westmoselfränkisch) se situe entre la barrière du Dorp/Dorf et celle du dat/das.

Changements phonétiques du luxembourgeois en tant que langue germanique

Au début du Moyen Âge, une mutation phonétique se propage progressivement au sein des dialectes franconiens d'Europe occidentale. En luxembourgeois ancien, ce changement phonétique s'impose de manière partielle, comme en témoignent plusieurs transformations spécifiques:

t (entre voyelles) → s(s)

Luxembourgeois: Waasser (fr. eau)

En anglais le "t" subsiste: water

p → f

Luxembourgeois: Duerf (fr. village)

En néerlandais le "p" subiste: Dorp

p ≠ pf

Luxembourgeois: Päerd et Kapp (fr. cheval et tête)

Allemand: Pferd et Kopf

Influences lexicales sur le luxembourgeois

Entre le Xe et le XVe siècle, le comté de Luxembourg – alors bien plus vaste que le Luxembourg d'aujourd'hui – fait partie du Saint-Empire romain germanique. Il est intéressant de noter que le Luxembourg se situe à la croisée des zones linguistiques romane et germanique. L'influence du français s'exerce ainsi sur le dialecte mosellan. Par ailleurs, le latin enrichit le vocabulaire.

Luxembourgeois

Latin

Mauer

murus

Wäin

vinum

Fënster

fenestra

Keller

cellarium

Mots d'origine française

L'empreinte du français et de l'allemand sur le luxembourgeois ne s'estompe pas au fil du temps. La langue luxembourgeoise ne se situe donc pas à la frontière des langues, mais à la jonction des sphères germanique et romane. Grâce aux échanges continus, tant sur le plan culturel que politique, de nombreux mots issus de ces deux langues s'intègrent au lexique luxembourgeois. Certains sont adoptés tels quels, mais avec un accent local. D'autres, en revanche, se transforment phonétiquement, au point qu'il n'est pas toujours aisé de retrouver le mot français correspondant.

... avec nouvel accent

 

Luxembourgeois

Français

Bi-jou

bi-jou

Pou-let

pou-let

Trot-toir

trot-toir

(Syllabe accentuée en gras)

... transformés phonétiquement

 

Luxembourgeois

Français

Forschett

fourchette

Suen

sous

picken

piquer

fëmmen

fumer

Exemples de mots étrangers intégrés

L'histoire militaire du Luxembourg laisse également des traces linguistiques, avec des termes comme Fort, Glacis et Redoute. Après la Seconde Guerre mondiale, l'intégration de mots étrangers s'accélère encore. Les échanges internationaux, l'enseignement trilingue (allemand, français, anglais), l'immigration, le caractère multiculturel du Luxembourg et l'influence des médias favorisent l'adoption rapide de termes issus de diverses langues:

  • Grande surface
  • Sans-abri, Abseits (fr. hors-jeu)
  • Elteren (fr. parents)
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  • Bungalow

L'histoire de la langue luxembourgeoise d'un point de vue institutionnel

1 000 ans de multilinguisme

Le Luxembourg tire son nom du Castellum Lucilinburhuc, terme en vieux haut allemand latinisé signifiant "petit château fort", mentionné dans un texte latin médiéval. Le château est établi par le comte Sigefroi (~919-998); au fil des siècles, le territoire du comté, puis duché, s'élargit pour atteindre au XIVe siècle une superficie de 10 000 km2 et une population polyglotte.

Les présences françaises, d'abord sous Louis XIV en 1684, puis par les troupes révolutionnaires en 1795, favorisent l'utilisation du français comme langue administrative et législative, aux dépens du latin qui s'efface progressivement. L'introduction du Code Napoléon en 1804 entérine l'utilisation du français comme langue dominante en matière juridique. Dans la vie quotidienne, le luxembourgeois demeure la principale langue parlée.

XIXe siècle

À l'issue de la guerre d'indépendance belge, le Luxembourg est divisé en 1839: la partie occidentale est intégrée au Royaume de Belgique, tandis que la partie orientale devient un territoire indépendant. L'adhésion du Luxembourg, en 1842, au Zollverein – une union économique dominée par la Confédération germanique – favorise l'établissement de capitaux et d'entreprises allemandes, et crée un flux de travailleurs germanophones qualifiés vers le pays. Par la suite, l'allemand s'impose comme langue privilégiée dans les milieux économiques. La main-d'œuvre, quant à elle, provient d'Italie : entre 1875 et 1910, quelque 10 138 Italiens s'installent au pays, surtout dans le sud, et laissent leur empreinte sur la société et la langue.

Dans la presse, l'allemand prend une position éminente, tandis que le français reste la langue de la justice et de l'administration. Les textes législatifs sont publiés en allemand et français.

Le premier plan d'études régissant le fonctionnement des écoles primaires du duché de Luxembourg, établi dans les années 1770 sous le régime des Autrichiens et de l'impératrice Marie-Thérèse, prévoit l'apprentissage simultané des langues allemande et française. En 1843, la loi sur l'instruction primaire entérine le multilinguisme au Luxembourg: désormais, l'allemand et le français sont enseignés dès l'école primaire, de manière obligatoire et sur un pied d'égalité. Le Luxembourg commence alors à définir sa propre identité linguistique, à la croisée des sphères culturelles germanique et francophone. D'ailleurs, dans le cadre de la réforme scolaire de 1912, la langue luxembourgeoise est mentionnée pour la première fois dans une loi.

En même temps, le luxembourgeois vit une véritable renaissance comme langue d'identification nationale. C'est à cette époque que paraissent les premiers dictionnaires, et que des poèmes, chansons et récits en langue luxembourgeoise voient le jour. Parmi les œuvres les plus notables figure Ons Heemecht ("Notre patrie", 1859), un poème de Michel Lentz mis en musique par Jean-Antoine Zinnen en 1864, qui deviendra plus tard l'hymne national du Luxembourg. Sans oublier le rôle important des pièces de théâtre en langue luxembourgeoise, notamment les opérettes et vaudevilles particulièrement populaires d'Edmond de la Fontaine, plus connu sous le nom de "Dicks".

XXe siècle

Pendant l'occupation allemande de 1940 à 1944, parallèlement aux efforts d'assimilation culturelle des Luxembourgeois, l'occupant cherche à éradiquer toute trace du français de la vie publique. Ainsi, le français n'est plus enseigné à l'école et les noms de rues sont modifiés. Même les individus se voient attribuer de nouveaux noms pour répondre aux exigences allemandes: Jean-Pierre devient Johann Peter, Catherine devient Katarina. Dans la même logique, le luxembourgeois est officiellement relégué au rang de dialecte, afin de justifier l'incorporation du Luxembourg au Reich allemand. Mais le recensement de 1941, dans lequel les occupants cherchent à imposer des réponses convenant à leur idéologie – par exemple en déclarant l'allemand comme langue maternelle – se solde par un échec. Malgré la propagande, la censure et l'intimidation, une part significative de la population répond "luxembourgeois" ou laisse les cases vides. Dans ce contexte, les Luxembourgeois entendent également leur Grande-Duchesse s'adresser à eux en luxembourgeois sur les ondes de la BBC, depuis son exil à Londres.

Après 1945, le luxembourgeois renforce sa position comme élément culturel central de l'identité luxembourgeoise. La position du français comme langue active est renforcée – une réaction de rejet aux efforts de germanisation – et dans la langue luxembourgeoise, des mots français sont privilégiés. La révision de la Constitution en 1948 supprime également la disposition selon laquelle les langues allemande et française sont employées sur le même pied, et laisse au législateur le soin de réglementer leur usage.

La loi sur le régime des langues, adoptée en 1984, marque un tournant: elle promeut le luxembourgeois au rang de langue nationale et stipule que les langues luxembourgeoise, française et allemande partagent le statut de langues administratives et judiciaires du pays.

En 1989, le programme européen Lingua accorde une reconnaissance officielle au luxembourgeois, confirmant ainsi sa résurgence socioculturelle.

L'essor économique de la seconde moitié du XXe siècle et l'accueil d'institutions européennes au Luxembourg attirent une nouvelle vague de main-d'œuvre étrangère. Désormais, des communautés importantes lusophones, italophones, anglophones ou parlant les langues balkaniques enrichissent l'environnement linguistique. En même temps, l'établissement d'institutions européennes au Luxembourg favorise l'émergence de communautés d'expatriés qui diversifient davantage ce melting-pot.

XXIe siècle

Tandis que le français, l'anglais et l'allemand sont d'importantes langues véhiculaires au travail, le luxembourgeois, quant à lui, continue de bénéficier de mesures de promotion. En outre, l'apparition des médias digitaux stimule énormément l'utilisation du luxembourgeois comme langue écrite pour la première fois dans son histoire. S'en suit un vrai boom du luxembourgeois sur des supports imprimés et sur le web.

En matière d'obtention de la nationalité luxembourgeoise, des connaissances en langue luxembourgeoise sont exigées. La loi du 8 mars 2017 sur la nationalité luxembourgeoise stipule que l'une des conditions pour une naturalisation est la réussite d'un examen attestant la maîtrise de la langue.

Quant à son statut officiel, le luxembourgeois connaît un essor significatif en étant désormais mentionné explicitement dans la Constitution, texte juridique fondamental définissant le fonctionnement de l'État. Depuis le 1er juillet 2023, la Constitution du Grand-Duché de Luxembourg reconnaît le luxembourgeois comme langue du pays, tout en précisant que l'usage des langues luxembourgeoise, française et allemande est encadré par la loi. Ce changement renforce la base juridique de la promotion du luxembourgeois et confirme le caractère multilingue du pays.

© Collection privée de Sven Knepper

La fiche de recensement du 10 octobre 1941 comportait entre autres des questions sur la nationalité, la langue maternelle et l'appartenance ethnique. Bien que le luxembourgeois ait été classé comme dialecte par les forces d'occupation et donc non reconnu comme langue maternelle, le terme "luxembourgeois" est tout de même indiqué dans ce champ.

Usage des langues au Grand-Duché

Moien, bonjour, hallo, bom dia, hello, buongiorno...

Bienvenue au Luxembourg! Par son caractère cosmopolite, le Grand-Duché est un cas bien particulier en Europe. Avec un nombre croissant de résidents venus des quatre coins du monde, il n'est pas surprenant que le nombre de langues pratiquées augmente lui aussi. Le Luxembourg se distingue par sa diversité linguistique, que ce soit dans la vie quotidienne, au niveau politique, au travail, à l'école ou dans les médias.

Un multilinguisme vécu au quotidien

Au Grand-Duché, chacun emprunte plusieurs voies langagières au quotidien pour se faire comprendre ou pour décoder les messages des autres, à tout moment de la journée et en toute circonstance.

C'est donc dans une véritable mixité linguistique que les Luxembourgeois vivent leur quotidien. Il suffit de faire quelques pas dans la capitale et tendre l'oreille pour s'en rendre compte. Toutes les langues du monde s'y croisent et s'intègrent harmonieusement dans un univers pluriculturel, que ce soit sur les terrasses d'été, dans les rues, dans les transports publics, dans les supermarchés, au match de foot ou le soir entre amis. Un vrai brouhaha linguistique qui commence dès le matin à la boulangerie, où l'on commande son croissant souvent en français, pour passer au luxembourgeois pour le plat de midi, puis sauter à l'anglais lorsque le barman encaisse les boissons le soir.

Le code-switching, la pratique de passer d'une langue à l'autre, fait donc partie de la vie courante de tous les résidents. Cela n'a rien d'étonnant: avec un taux de 47 % de résidents étrangers, auquel s'ajoutent près d'un quart de million de frontaliers venant travailler chaque jour au Luxembourg, la pratique quotidienne de plusieurs langues est devenue la norme.

L'utilisation des langues: tout dépend du contexte

Au Grand-Duché, le multilinguisme est omniprésent. Le luxembourgeois, le français, l'allemand, l'anglais, le portugais ainsi que l'italien et l'espagnol sont les langues les plus fréquentes. Mais le paysage linguistique se caractérise par un trilinguisme dans lequel le luxembourgeois occupe une place centrale en tant que langue prédominante, c'est-à-dire la plus utilisée au quotidien.

Une répartition linguistique similaire se reflète dans un projet de promotion mené au sein de l'Université du Luxembourg, intitulé Étude variationniste sur la communication des jeunes au Luxembourg: une analyse des structures d'usage dans les interactions par messagerie instantanée. Cette recherche se penche sur un échantillon afin d'analyser l'usage des langues chez les jeunes sur les réseaux sociaux. Il en ressort que, dans leurs échanges écrits sur des plateformes comme WhatsApp, Snapchat ou Instagram, les jeunes utilisent principalement les langues suivantes: le luxembourgeois en première position, l'anglais en deuxième, le français en troisième, l'allemand en quatrième. Suivent ensuite les langues des communautés les plus présentes au Grand-Duché, telles que le portugais, l'italien, l'espagnol et les langues des pays de l'ex-Yougoslavie. Ce projet met ainsi en lumière les pratiques linguistiques des jeunes en ligne. L'étude suivante, quant à elle, élargit la perspective en explorant l'usage des langues dans la vie quotidienne.

Selon l'étude Une diversité linguistique en forte hausse de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Statec), fondée sur le recensement de la population de 2021, la langue luxembourgeoise reste la langue principale des habitants vivant au Luxembourg depuis longtemps – généralement des personnes ayant aussi la nationalité luxembourgeoise. En revanche, seule une infime partie des immigrés connaît cette langue à son arrivée. Une partie d'entre eux, et surtout leurs enfants, l'apprennent progressivement. D'autres s'intègrent principalement par le biais du français, qui demeure aujourd'hui la langue la plus utilisée sur le marché de l'emploi.

Ce modèle d'intégration, bien établi depuis les Trente Glorieuses (1945-1975), est aujourd'hui confronté à deux nouveaux défis:

  • La croissance économique du Luxembourg s'est fortement accélérée, entraînant une hausse démographique sans équivalent dans l'Union européenne – et une augmentation encore plus marquée de la population active. Depuis le recensement de 2011, la population a augmenté de 33,1 %, passant de 512 353 à 681 973 habitants.
  • Le profil linguistique des nouveaux immigrés est de plus en plus diversifié. L'anglais et d'autres langues gagnent du terrain, à la fois comme langues principales et comme langues habituellement utilisées.

Comparaison de la population par langue principale en 2011 et 2021

© SIP - Statec RP 2021, nr.8

Population par langue principale

2011 (en nombre)

2011 (en pourcent)

2021 (en nombre)

2021 (en pourcent)

Luxembourgeois

265 731

55,8 %

275 361

48,9 %

Portugais

74 636

15,7 %

86 598

15,4 %

Français

57 633

12,1 %

83 802

14,9 %

Anglais

10 018

2,1 %

20 316

3,6 %

Italien

13 896

2,9 %

20 021

3,6 %

Allemand

14 658

3,1 %

16 412

2,9 %

Autres langues

40 042

8,4 %

60 582

10,8 %

Total

476 614

100 %

563 092

100 %

L'étude du Statec distingue les notions de "langue principale" et "langue habituellement utilisée" pour analyser le paysage linguistique au Luxembourg. Si cette approche est certainement pertinente pour identifier des minorités linguistiques, elle rend toutefois difficile une lecture fidèle de la réalité du Grand-Duché, dont la population est considérée comme largement multilingue. Dès lors, l'étude ne permet pas d'estimer le nombre de personnes capables de s'exprimer en luxembourgeois.

Langues officielles

Depuis 2023, la langue luxembourgeoise et le multilinguisme sont inscrits dans la Constitution. L'emploi des langues est encadré par la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. Celle-ci consacre le luxembourgeois en tant que langue nationale, mais détermine également l'usage des autres langues dans les actes officiels. Ainsi, les actes législatifs et leurs règlements d'exécution sont rédigés en français. En matière administrative et judiciaire, les langues française, allemande et luxembourgeoise peuvent être utilisées.

Le citoyen dispose de ce même choix pour formuler ses requêtes administratives, sans que l'administration soit pour autant rigoureusement tenue de respecter sa préférence. Lorsque, par exemple, "une requête administrative est rédigée en français, en allemand ou en luxembourgeois, l'administration doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse de la langue choisie par le requérant". (Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues, art. 4)

Au niveau politique

Dans le contexte parlementaire, l'utilisation de l'une ou l'autre langue n'est pas formellement définie. Cette liberté témoigne de l'importance des droits linguistiques dont disposent les députés. Toutefois, ces dernières années, on observe une lente disparition du français sur la tribune du parlement, au profit du luxembourgeois. Ainsi, les débats réguliers et les comptes rendus des séances publiques de la Chambre des députés se font, dans la majorité des cas, en luxembourgeois.

Dans la communication écrite – notamment les grandes déclarations ou les questions parlementaires – les ministres avaient tendance à privilégier le français au luxembourgeois. Entre-temps, l'usage du luxembourgeois tend à progresser dans ces contextes; il est désormais de plus en plus employé dans les communications écrites. Dans l'ensemble, la faible présence de l'allemand dans la vie publique nationale trouve un certain contrepoids sur le plan communal. Dans le Gemengebuet, la publication locale qui informe chaque citoyen sur la vie sociale, culturelle, politique ou financière de sa commune, on retrouve ainsi souvent l'allemand, aux côtés du français et du luxembourgeois, voire parfois du portugais et de l'anglais. Le choix des langues dépend alors du profil linguistique propre à chaque commune.

Les langues dans le monde professionnel

L'environnement professionnel au Luxembourg est aussi polyglotte et diversifié que le pays lui-même. Selon l'entreprise, le secteur d'activité, le type de service ou le rôle de l'administration, la langue de travail peut varier. Luxembourgeois, français, allemand, anglais et portugais sont les langues les plus couramment parlées au chantier, au bureau, entre collègues ou en réunion. Il est d'ailleurs commun d'utiliser plus d'une langue au travail.

Au fil des dernières décennies, le Luxembourg s'est enrichi des langues maternelles de ses résidents et des professionnels étrangers. L'anglais, en particulier, est de plus en plus utilisé dans des secteurs comme les finances, les assurances ou la recherche. Tout comme le français, il sert souvent de langue véhiculaire lors des réunions.

Le multilinguisme est considéré comme un véritable atout par les employeurs. Le français reste la langue la plus demandée dans tous les domaines professionnels. Le luxembourgeois est surtout sollicité par l'administration publique, le secteur des transports publics, l'enseignement, les professions de la santé et des soins, les postes du domaine de la communication et tous les autres secteurs dans lesquels la clientèle luxembourgeoise est fortement représentée.

En 2021, le luxembourgeois reste la langue la plus parlée au Luxembourg, bien que son usage ait proportionnellement diminué. Le français est largement utilisé, suivi par l'anglais, dont l'usage est en hausse. L'allemand connaît une baisse significative en termes de locuteurs, tandis que le portugais reste largement parlé. Enfin, l'utilisation des "autres langues" a considérablement augmenté, reflétant une diversité linguistique croissante.

Langues parlées au travail, à l'école et/ou à la maison (Réponses multiples possibles) 

© SIP - Statec RP2021, nr.8

 

Langues parlées au travail, à l'école et/ou à la maison

2011 (en nombre)

2011 (en pourcent)

2021 (en nombre)

2021 (en pourcent)

Luxembourgeois

323 557

70,5 %

292 025

61,2 %

Français

255 669

55,7 %

242 534

50,8 %

Allemand

140 590

30,6 %

107 115

22,5 %

Portugais

91 872

20 %

94 340

19,8 %

Italien

28 561

6,2 %

27 501

5,8 %

Anglais

96 427

21 %

122 467

25,7 %

Autre

55 298

12,1 %

85 796

18 %

Total (Personnes)

458 900

/

477 061

/

Les langues à l'école

Le système éducatif au Luxembourg est plurilingue. En général, l'allemand est la langue véhiculaire utilisée dans l'enseignement fondamental et dans les classes inférieures du lycée. Dans les classes supérieures de l'enseignement secondaire, la majorité des cours sont assurés en français. Ce plurilinguisme est un atout dans un monde ouvert et diversifié, mais aussi un défi pour les élèves ayant d'autres origines linguistiques. L'école publique propose également des classes internationales francophones et anglophones, ainsi que des classes d'accueil et l'intervention de médiateurs interculturels.

Introduction au multilinguisme dès le plus jeune âge

Au Luxembourg, la fréquentation d'une crèche bilingue est amplement soutenue par l'État. L'éducation précoce – accessible à partir de trois ans – reste facultatif. L'enseignement fondamental obligatoire débute à l'âge de quatre ans et comprend quatre cycles de deux ans chacun.

Pendant l'éducation précoce et le cycle 1 de l'enseignement fondamental, les enseignants s'expriment autant que possible en luxembourgeois. La préoccupation première est de développer les capacités langagières de tous les enfants, au bénéfice surtout des enfants d'origine étrangère pour qui l'école est souvent le premier contact avec la langue luxembourgeoise. Depuis l'introduction d'un programme éducatif plurilingue dans les crèches, l'initiation à la langue française compte aussi parmi les missions du cycle 1.

Dans les cycles 2 à 4 de l'enseignement fondamental, d'autres langues sont introduites et enseignées. L'alphabétisation se fait en langue allemande; l'enseignement du français se fait au cycle 2 (oral) et au cycle 3 (écrit). La langue véhiculaire est l'allemand. Un parcours scolaire au choix est prévu à partir de la rentrée 2027/2028, offrant dans les écoles la possibilité d'opter pour une scolarisation en allemand ou en français, avec certaines matières regroupées en luxembourgeois.

Anglais et autres langues vivantes

L'enseignement secondaire s'adresse aux adolescents à partir de 12 ans, qui fréquentent alors des établissements publics (en général des lycées) ou privés (appliquant les programmes officiels du ministère ou d'autres programmes), et des écoles européennes. Selon le choix, les programmes sont plus ou moins plurilingues, offrant une variété impressionnante d'apprentissage des langues. Un cycle complet au lycée, sans redoublement, s'étend sur sept années.

Dans les premières années de l'enseignement secondaire, l'allemand reste la langue véhiculaire, à l'exception des cours de français et de mathématiques. L'anglais est enseigné à partir de la deuxième année de lycée, sauf pour les élèves de la section latine, qui commencent son apprentissage une année plus tard. Certains lycées proposent également une initiation à la langue chinoise. Dans l'enseignement secondaire classique, le français devient la langue véhiculaire à partir de la quatrième année. À partir de la cinquième année, les élèves peuvent ajouter une quatrième langue vivante (italien, espagnol ou portugais). Dans l'enseignement secondaire général, l'allemand reste en principe la langue véhiculaire, à l'exception de certaines matières ou des classes à régime linguistique spécifique, qui sont dispensées en français.

Dans l'enseignement secondaire général et classique, il existe des programmes spécifiques pour accueillir des élèves qui ont fait une partie de leurs parcours scolaires à l'étranger et ne parlent pas une des trois langues administratives du pays.

Offres parascolaires

Aussi bien pour les élèves de l'enseignement fondamental que pour ceux du secondaire, une cinquantaine d'instituts ou d'organismes culturels proposent des cours de langue et de culture d'héritage. Certains organismes procèdent même à la certification des compétences acquises, ce qui facilite aux élèves l'accès aux études supérieures dans leurs pays d'origine.

Étudier en plusieurs langues

L'Université du Luxembourg est également placée sous le signe du multilinguisme, qui fait partie de ses principes fondamentaux. En général, le français et l'allemand sont les langues d'enseignement. Certains cursus peuvent néanmoins demander des connaissances attestées en anglais. L'Université propose aussi une formation en sciences du langage et littérature luxembourgeoise.

Le système scolaire luxembourgeois

Niveau scolaire

Âge de l'enfant

Détails

Enseignement fondamental: Cycle 1

3 ans

4-5 ans

Éducation précoce (facultative)

Éducation préscolaire (obligatoire)

Enseignement fondamental: Cycle 2 à 4 6-11 ans Enseignement primaire (obligatoire)

Enseignement secondaire

12-18/19 ans

La scolarité est obligatoire jusqu'au 1er septembre qui suit le 16e anniversaire.

À partir de la rentrée 2026/2027, elle sera obligatoire jusqu'à 18 ans.

Le luxembourgeois est aussi enseigné en tant que langue étrangère. Toutes les écoles internationales sont obligées de prévoir des cours de luxembourgeois pour tous leurs élèves.

Les écoles publiques internationales sont ouvertes à tous les élèves, sans frais d'inscription. Elles proposent des sections francophones, anglophones ou germanophones pour l'enseignement fondamental et secondaire. Certains de ces établissements offrent aussi des classes de maternelle, qui accueillent les enfants dès l'âge de 3 ans dans un cadre multilingue, suivant le programme des écoles européennes. Des écoles internationales privées complètent l'offre multilingue.

Les langues dans les médias

Le multilinguisme occupe également une place importante dans la presse luxembourgeoise, véritable miroir de la diversité linguistique du pays. Face à ce contexte social, culturel et multilingue, et afin de répondre aux besoins des résidents étrangers, les médias nationaux sont eux aussi devenus polyglottes. Ainsi, la presse écrite, les chaînes de radio et les chaînes de télévision proposent des contenus en plusieurs langues, dont le français, l'allemand, le luxembourgeois, le portugais et l'anglais.

La presse écrite

Dans la presse écrite, l'allemand demeure la langue la plus utilisée, notamment dans les quotidiens multilingues du pays comme le Luxemburger Wort, le Tageblatt ou la Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek. D'autres journaux sont rédigés exclusivement en français, comme Le Quotidien ou L'essentiel. Le premier journal destiné à la communauté lusophone, Contacto, paraît à ses débuts en tant que mensuel, aujourd'hui en tant qu'hebdomadaire.

Parmi les hebdomadaires et périodiques, la situation est similaire. Le plus ancien des hebdomadaires d'information générale, d'Lëtzebuerger Land, se sert de plusieurs langues, notamment le français, l'anglais et le luxembourgeois. Il en est de même pour l'hebdomadaire Woxx, qui propose les informations essentiellement en allemand et français. Le choix de la langue dépend également du public visé: les hebdomadaires Revue et Télécran, destinés à un lectorat familial et majoritairement luxembourgeois, sont rédigés en allemand. Delano, un magazine en anglais, s'adresse à la communauté internationale du Luxembourg.

En somme, les publications luxembourgeoises peuvent être qualifiées de presse "omnibus". Elles s'adressent en effet à toutes les catégories sociales et couvrent des informations allant de l'actualité internationale à la politique nationale, en passant par l'économie et le sport, et ce, dans les principales langues du pays.

Ceci vaut également pour la presse en ligne. En ce qui concerne l'emploi des langues, l'usager peut le plus souvent choisir parmi les versions germanophones, francophones et anglophones. Par exemple, le portail reporter.lu procède à un mélange des langues et publie régulièrement des reportages en langue luxembourgeoise. Quant à rtl.lu, ses publications sont entièrement disponibles en luxembourgeois, tandis que RTL Infos propose une sélection en français et RTL Today en anglais.

La télévision

Le multilinguisme influence inévitablement aussi la consommation des médias audiovisuels, en premier lieu la télévision. Alors que le choix des chaînes de télévision était encore limité dans les années 1970, le paysage télévisuel s'est diversifié au fil du temps avec une offre multilingue sans précédent. Grâce à la télévision satellite ou au câble numérique, le Luxembourg est aujourd'hui connecté au monde entier, permettant de capter une multitude de cultures avec une offre plus variée.

Néanmoins, la plupart des résidents regardent majoritairement la télévision française et allemande. Parmi les téléspectateurs francophones, les chaînes TF1, FRANCE 2, M6 et RTBF La Une sont particulièrement populaires. Du côté germanophone, les chaînes ARD, ZDF, RTL et Pro7 dominent les préférences. La chaîne portugaise TVI Internacional affiche une audience plus modérée en comparaison.

Depuis 1991, le luxembourgeois a conquis une place d'honneur sur le petit écran avec le lancement d'un journal et d'un programme télévisés quotidiens sur RTL Télé Lëtzebuerg. Aujourd'hui, l'ensemble des chaînes du groupe – RTL Télé Lëtzebuerg, RTL Zwee et RTL Play – réunit 20,1 % de la population du Luxembourg.

La radio

Au Luxembourg, le paysage radiophonique est à l'image du tissu socioculturel du pays. Les différentes stations qui existent reflètent la diversité de son public. L'essentiel Radio, qui touche environ 10,5 % de la population chaque jour, émet en français, la station Radio Latina (2,4 %) en portugais et en espagnol, tandis que RTL – Radio (6,2 %) propose ses programmes en langue allemande. La station Radio Ara, bien que disposant d'une audience quotidienne plus modeste, émet ses programmes en français, allemand, anglais et luxembourgeois, mais aussi en portugais, espagnol et italien, entre autres.

Contrairement aux autres supports médiatiques, la radio au Luxembourg est le média où l'offre de programmes en langue luxembourgeoise est la plus riche. RTL Radio Lëtzebuerg (31,3 %), Eldoradio (16,2 %) et Radio 100,7 (5,2 %) donnent tous la parole à la langue luxembourgeoise et atteignent les taux de couverture quotidienne les plus élevés.

Popularité des chaînes de télévision par langue (Basée sur les chaînes populaires – couverture quotidienne) 

© SIP - ILRES/R&TAM 2024
Chaînes populaires Couverture quotidienne (en pourcent)

RTL Télé Lëtzebuerg

20,1%

TF1

10,4%

France 2

6,9%

M6

6,6%

La Une

3,2%

ARD

9,9%

ZDF

9,3%

RTL

4,8%

Pro7

4,5%

TVI

3,0%

Les langues dans la culture

Véritable symbole de son ancrage au cœur de l'Europe, l'engagement du Luxembourg en faveur du projet européen et son ouverture d'esprit aux autres cultures se reflètent dans sa scène culturelle multilingue. Dans un contexte de mondialisation, l'enracinement dans une culture propre revêt une importance particulière pour un pays de petite dimension comme le Luxembourg, marqué par une histoire récente et une société plurilingue. Situé à l'intersection des sphères d'influence germanique et romane, et fort de son histoire migratoire, le Luxembourg a développé une culture spécifique, issue d'un croisement linguistique et culturel, qui constitue aujourd'hui un élément central de son identité nationale. La richesse de l'offre d'événements proposés dans différentes langues sert ainsi de voie d'intégration à tous.

La littérature luxembourgeoise

Des œuvres en langue luxembourgeoise, comme E' Schrek ob de' Lezeburger Parnassus (" Un pas sur le Parnasse luxembourgeois ") de 1829 d'Anton Meyer, et l'épopée nationale Renert oder de Fuuß am Frack an a Ma'nsgrëßt ("Renert – le renard en queue de pie et en taille d'homme ") de 1872 de Michel Rodange, ont marqué l'âge d'or de la production littéraire en luxembourgeois à la fin du XIXe siècle. Cependant, le terme "littérature luxembourgeoise" ne se limite pas aux ouvrages rédigés en langue luxembourgeoise. En effet, les diverses influences d'autres langues contribuent à façonner le paysage littéraire du Grand-Duché. Ainsi, les auteurs au Luxembourg choisissent une langue de création selon leurs préférences individuelles. C'est le cas de Jean Portante, qui écrit principalement en français; de Claudine Muno et Jemp Schuster, dont l'œuvre s'inscrit majoritairement en luxembourgeois; ainsi que d'Ulrike Bail et Elise Schmit, qui publient essentiellement en allemand. Il n'est cependant pas rare non plus qu'un auteur change de langue entre une œuvre et une autre, comme c'est le cas d'Anise Koltz, Guy Rewenig, Nico Helminger, Carine Krecké ou Lambert Schlechter. En 2018, Jeff Schinker publie Sabotage, roman quadrilingue dans lequel les personnages et l'intrigue passent à l'arrière-plan. Ce sont les langues qui, à l'instar de la vie quotidienne au Luxembourg, fonctionnent comme véritables protagonistes.

Alors que le luxembourgeois, le français et l'allemand restent les langues les plus populaires parmi les écrivains, d'autres langues trouvent aussi leur public, comme en témoignent les librairies et bibliothèques, qui souvent distribuent aussi des publications en anglais, italien, portugais et espagnol.

Sur la scène

Dans le monde du théâtre, les réalisations locales, les coproductions internationales et les stars du Grand-Duché et de l'étranger se partagent la scène. La richesse linguistique du secteur permet aux pièces d'être jouées dans leur version originale, illustrant l'ouverture de la société luxembourgeoise aux autres cultures. La diversité linguistique des troupes, ainsi que les compagnies et interprètes de renommée mondiale qui se produisent au Grand-Duché attirent à leur tour un public international.

Productions audiovisuelles

Les passionnés de cinéma se réjouissent de la présentation systématique des films en version originale, sous-titrés en français et allemand ou en français et néerlandais.

Quant à la production nationale de films et de séries télévisées, elle connaît un succès croissant ces dernières années. Le multilinguisme y joue aussi un rôle et on peut observer l'émergence de films tournés dans les différentes langues parlées au Luxembourg, et même de quelques productions plurilingues. À titre d'exemple, la deuxième saison de la série Capitani illustre parfaitement le fréquent passage d'une langue à l'autre – parfois dans une même phrase – qui marque la vie sociale quotidienne au Luxembourg.

La pluralité linguistique du Luxembourg se manifeste également dans les coproductions internationales où, là encore, elle constitue un véritable atout qui fait la réputation du Luxembourg bien au-delà de ses frontières. Mr Hublot, lauréat des Oscars en 2014 dans la catégorie du meilleur court-métrage, n'est pas seulement un triomphe pour la production audiovisuelle au Luxembourg, mais aussi un exemple phare de collaboration transfrontalière (Luxembourg/France). Bad Banks, autre projet multilingue réussi, est une coproduction germano-luxembourgeoise qui a été nominée dans la catégorie " Meilleure série dramatique " des International Emmy Awards. De même, la série télévisée Capitani, une coproduction entre Samsa Film, RTL Télé Lëtzebuerg, Artémis Productions et Shelter Productions, a atteint le top dix dans de nombreux pays après sa diffusion sur Netflix.

Une scène musicale multilingue

La scène musicale au Luxembourg profite également de la situation linguistique du pays. Qu'il s'agisse de rock, de pop, de jazz, de rap ou encore de metal, les artistes du Grand-Duché s'expriment dans la langue de leur choix tout en trouvant un public pour leur musique. Connu d'abord sous le nom de CHAILD, Adriano Selva a débuté avec des titres en anglais, avant de se tourner vers un répertoire en français. Le groupe hip-hop De Läb et l'artiste Nicool rappent en luxembourgeois, tandis que Maz Univerze a choisi de s'exprimer en anglais. Le programme diversifié des institutions musicales comme la Philharmonie, la Rockhal et Den Atelier, ainsi que les nombreux festivals et concerts à travers le pays, attirent des publics au-delà de ses frontières.

La diversité des langues dans la production culturelle reflète la richesse de la situation linguistique de la société luxembourgeoise. Cette production polyphone est répertoriée par la Bibliothèque nationale du Luxembourg sous le terme collectif de "Luxemburgensia", qui englobe toutes les œuvres littéraires et documents imprimés soit rédigés par des Luxembourgeois, soit produits au Luxembourg, soit ayant pour sujet le Luxembourg, et quelle qu'en soit la langue de création. Pour approfondir la recherche dans ce domaine, une institution spécialisée a été créée: le Centre national de littérature.

Mesures de promotion

La langue luxembourgeoise revêt une importance centrale dans le contexte multiculturel et multilingue du Grand-Duché. En effet, elle est facilitatrice d'intégration et de cohésion sociale tout en renforçant l'identité culturelle. Les mesures de promotion des dernières années visent la mise en place d'une politique linguistique et culturelle en accord avec tous les acteurs de la société.

Standardisation de la langue luxembourgeoise et renforcement de son importance

Depuis les années 1980, le rôle du luxembourgeois s'affirme au Grand-Duché. Son inscription comme langue nationale dans la loi sur le régime des langues de 1984 a marqué une étape décisive, consolidant fermement sa place comme langue de communication, d'intégration et de production culturelle, comme en témoigne sa mention dans la Constitution de 2023.

Le Luxembourg s'engage depuis des années à promouvoir la langue luxembourgeoise et le contexte multilingue. En 2017, une stratégie de promotion de la langue nationale est mise en place, accompagnée de lignes directrices pour une politique à long terme. Un an plus tard, la loi du 20 juillet 2018 vient entériner cet engagement, en confirmant à la fois le plan d'action sur vingt ans et la mise en place des instances chargées de promouvoir la langue: le commissaire à la langue luxembourgeoise, le Zenter fir d'Lëtzebuerger Sprooch (ZLS – "Centre pour le luxembourgeois"), ainsi que le Conseil permanent de la langue luxembourgeoise (CPLL), en place depuis 1998, qui continue de soutenir les efforts en faveur de la promotion de la langue.

Le ZLS met à disposition des outils numériques innovants pour faciliter l'usage du luxembourgeois:

  1.  Lëtzebuerger Online Dictionnairelod.lu - Un dictionnaire en ligne proposant des traductions en quatre langues (allemand, français, anglais, portugais), avec des exemples d'usage, des synonymes, la prononciation audio des mots et la langue des signes.
  2. Spellchecker.lu - Un correcteur orthographique qui permet de corriger des textes en luxembourgeois.
  3. Sproochmaschinn.lu

Ce portail regroupe deux outils complémentaires:

  • Schreifmaschinn – un outil de transcription automatique (speech-to-text) qui convertit le texte parlé en texte écrit.
  • Liesmaschinn – un outil de synthèse vocale (text-to-speech) qui lit à voix haute des textes écrits en luxembourgeois.

Le ZLS a pour mission principale de soutenir et de renforcer l'usage du luxembourgeois. Il joue un rôle clé dans la standardisation et l'évolution linguistique en élaborant et en mettant à jour les règles orthographiques et grammaticales de la langue. Le centre s'engage également dans des initiatives de sensibilisation et de formation, en organisant des événements et des projets pédagogiques destinés à promouvoir la langue tant auprès du grand public que des professionnels. Par ailleurs, il contribue à l'enrichissement de la langue ainsi qu'à la recherche dans ce domaine en publiant des ouvrages et des ressources linguistiques qui aident à mieux comprendre et maîtriser le luxembourgeois.

Apprendre le luxembourgeois à tous les niveaux

Les mesures pour la promotion de la langue et de la culture luxembourgeoises sont intégrées dans l'éducation depuis la petite enfance. Le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse développe du matériel didactique multilingue pour l'enseignement fondamental et des cours à option comme Orthographie, Lëtzebuergesch Kultur a Literatur ("Orthographie, culture et littérature luxembourgeoise") et Kreatiivt Schreiwen am Lëtzebuergeschen ("Écriture créative en luxembourgeois") sont progressivement introduits dans l'enseignement secondaire.

Au-delà de la scolarité obligatoire, l'apprentissage du luxembourgeois est encadré par des structures telles que l'Institut national des langues Luxembourg (INLL), notamment dans le cadre de la formation pour adultes. Depuis 2023, l'INLL est reconnu comme l'autorité nationale pour l'apprentissage du luxembourgeois.

L'institut:

  • propose des cours allant du niveau A1 à C1 selon le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), ainsi que des cours dans d'autres langues;
  • organise les examens Lëtzebuergesch als Friemsprooch (LaF, " Luxembourgeois langues étrangère ") et Sproochentest, requis pour la naturalisation, et certifie les compétences linguistiques en luxembourgeois;
  • développe du matériel pédagogique et des outils numériques, dont la plateforme llo.lu.

En complément, le Service de la formation des adultes (SFA) soutient l'offre de cours dans les communes et structures partenaires, facilitant un accès élargi à la formation dans tout le pays.

Les salariés et les travailleurs indépendants peuvent avoir recours à un congé linguistique de 200 heures par carrière pour apprendre ou se perfectionner dans la langue luxembourgeoise. Avec cette mesure, le gouvernement soutient non seulement les individus dans leur volonté d'apprendre la langue nationale, mais promeut aussi le luxembourgeois comme langue d'intégration primaire.

Le Biergerpakt ("pacte citoyen"), mis en place par la loi du 23 août 2023 relative au vivre-ensemble interculturel, est ouvert à toute personne majeure qui réside ou travaille au Luxembourg, indépendamment de sa nationalité, de son statut de résident ou de la durée de son séjour. L'adhésion au Biergerpakt est volontaire et donne accès au programme du vivre-ensemble interculturel. Le programme comprend trois modules d'introduction à la vie luxembourgeoise, dont un module linguistique pour découvrir les langues officielles du pays de manière non formelle. À travers diverses activités, les participants peuvent atteindre au moins le niveau introductif A.1.1 du Cadre européen commun de référence pour les langues dans une ou plusieurs des langues administratives du Luxembourg (luxembourgeois, allemand et français). S'y ajoutent des modules avancés, adaptés à la diversité des participants, qui offrent des activités et formations pour encourager les échanges et la pratique des langues.

Demain se parle en plusieurs langues

La langue luxembourgeoise se porte bien. Son développement et son apprentissage sont activement soutenus par l'État, qui la reconnaît à la fois comme un patrimoine vivant et un élément de cohésion sociale. C'est pourquoi la promotion du luxembourgeois va de pair avec celle du plurilinguisme. Cette complémentarité est au cœur du modèle linguistique luxembourgeois, où la maîtrise de plusieurs langues est vue comme une richesse et un véritable atout pour la société. Après tout, les langues existent pour rapprocher – et le Luxembourg pourrait bien être considéré comme une véritable "Babel paisible" où la langue luxembourgeoise et la diversité linguistique renforcent le vivre-ensemble.

 

Bibliographie

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Chambre des députés. (1984). Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. Mémorial A, n° 16.

Hoensch, J. K. (2000). Die Luxemburger: eine spätmittelalterliche Dynastie gesamteuropäischer Bedeutung 1308-1437. Kohlhammer.

ILRES. (2024). Le paysage des médias audiovisuels au Luxembourg (Étude non publiée). IP Luxembourg.

Mujkić, M. (2025). Étude variationniste sur la communication des jeunes au Luxembourg: une analyse des structures d'usage dans les interactions par messagerie instantanée (Projet de doctorat inédit). Université du Luxembourg, en collaboration avec le Zënter fir d'Lëtzebuerger Sprooch.

Pauly, M. (2011). Geschichte Luxemburgs. C.H. Beck.

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Fehlen, F., Gilles, P., Chauvel, L. Pigeron-Piroth, I., Ferro, Y., & Le Bihan, E. (2023). Une diversité linguistique en forte hausse. Regards, (8). Statec.

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Statec. (2025, avril). Évolution de la population selon la nationalité 1875–2021. Lustat. https://lustat.statec.lu

Sources additionnelles

Fehlen, F. (2009). BaleineBis: Une enquête sur un marché linguistique multilingue en profonde mutation. Luxemburgs Sprachenmarkt im Wandel. SESOPI (RED 12).

 

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